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le Vendredi 2 janvier 2015 4:00 Volume 32 Numéro 09 Le 19 décembre 2014

La terre : une richesse patrimoniale à préserver

La terre : une richesse patrimoniale à préserver
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On ne le dira jamais assez, la terre est la ressource la plus précieuse que possèdent les agriculteurs. Certains en prennent plus soin que d’autres. C’est le cas de Charles Desmarais, un producteur de grandes cultures de Stoney Point qui a remporté le prix « 2014 Conservation Farm Award » de l’Association pour l’amélioration des sols et récoltes (SCIA) du comté d’Essex, le 5 décembre.

« Anciennement, on disait avoir hérité des terres de nos grands-pères et de nos pères, mais aujourd’hui il faut penser à protéger nos terres pour nos enfants et petits-enfants », confie le lauréat du prix d’excellence pour la préservation de la santé des sols.

Charles Desmarais reconnaît l’importance de prendre soin de la terre que lui a transmise son père, il y a de cela de nombreuses années. Le producteur de soya et de maïs du sud-ouest de la province fait depuis de vingt-cinq ans tout en son pouvoir pour adopter des mesures qui s’harmonisent avec la nature afin de préserver cette richesse naturelle et patrimoniale.

Quand il a su au mois de décembre qu’il avait gagné le concours, ce fut une belle surprise pour lui que d’être récompensé par ses paires pour un travail qu’il considère pourtant comme essentiel pour tous les agriculteurs. Il croît d’ailleurs que s’ils n’avaient pas aussi attentionné, sa terre n’aurait pas été aussi généreuse avec lui.

« Quand on a commencé, c’était davantage pour améliorer notre sol. Puis, on a commencé à réaliser que si nous ne protégions pas notre eau et notre terre, ça n’aboutira à rien. C’est un package deal. Ça va durer bien plus longtemps que moi », raconte Charles Desmarais.

Un début à tout

Si pour M. Desmarais ces petites actions font dorénavant partie de la routine, il n’en a pas toujours été le cas.

« On y jongle plus aujourd’hui qu’on ne le faisait il y a 20-30 ans passés », avoue M. Desmarais.

Il se rappelle d’ailleurs l’élément déclencheur qui lui a fait changer ses pratiques pour en adopter de meilleures, ce moment où il a pris conscience qu’il n’en faisait pas suffisamment pour permettre à ses descendants de jouir de sa terre et à la nature de s’épanouir.

« En 1988-89, j’étais allé à une réunion et il y avait un câble sur lequel il y avait un nœud à tous les pieds. On nous disait qu’on devait avoir un morceau de chaume à tous les pieds, mais on avait de la misère à rencontrer ça parce qu’on enterrait tous nos débris », se remémore-t-il.

C’est alors qu’il a changé ses pratiques de gestion. Il a commencé à faire du semis direct, puis au fil des ans, il est devenu une référence dans le domaine. Il a ajouté des haies brise-vent pour éviter l’érosion des sols par le vent, a commencé à entretenir des zones tampons végétales autour des fossés pour éviter de contaminer l’eau, à semer des cultures de couverture et des engrais verts, puis à planter des arbres.

« Oui, quand on plante des arbres, ça nous enlève de l’espace pour la production, mais je pense qu’il vaut mieux soutenir l’environnement », croit-il.

Le producteur agricole fait aussi remarquer que c’est payant d’être à l’écoute de ses sols, autant pour l’environnement que pour sa poche. Il a économisé beaucoup en échantillonnant ses champs de façon précise et en y appliquant des doses variables de fertilisants, en fonction des besoins en amendements.

Charles Desmarais se désole cependant de voir que tous les agriculteurs n’ont pas cette conscience. Et pour ceux qui seraient tentés de faire leur part, il leur conseille de s’adresser aux organismes comme l’OSCIA ou l’Essex Region Conservation Authority.

Quant à lui, il continuera de répandre la bonne nouvelle et à protéger son lopin de terre.

« J’ai bien du fun moi ici et je le ferai aussi longtemps que j’en aurai et que je serai capable», conclut-il.