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le Mercredi 23 mars 2011 0:00 Volume 28 Numéro 14 Le 23 mars 2011

Le Boeuf en Or

Le Boeuf en Or
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L’histoire du « Bœuf en or » débute par une volonté de produire un bœuf, dans les régions de Témiskaming/Cochrane en Ontario et de Abitibi/Témiskamingue au Québec, qui aura une valeur ajoutée,  être un produit local, élevé sans antibiotiques, sans hormones de croissance, nourri au foin et à l’herbe et ayant des avantages pour notre santé. Un défi ambitieux, c’est vrai! C’est à cette tâche que se sont attelés des chercheurs et des producteurs. Aujourd’hui c’est une réussite. Voici son histoire.

Dans le but de profiter de la grande enclave argileuse (plus de 800,000 acres) à partir de Matheson à Hearst en Ontario et à l’Est en Abitibi québécois, la station de recherche de New Liskeard de l’Université de Guelph, l’Université du Québec en Abitibi/Témiscamingue, la station de recherche de Kapuskasing ont étudié comment profiter de cette région qui produit un fourrage de grande qualité mais où il est difficile de produire des céréales. Il était évident que la recherche se pencherait sur l’industrie du bœuf qui était déjà présente dans ces régions.

La recherche qu’un bœuf nourri uniquement au foin a un plus grand pourcentage de fibres de viande et moins de fibres de gras. Ça on le savait. Mais ce qu’il y a de neuf, c’est que la viande contient alors des niveaux plus élevés d’Omega 3, d’acide linoléique conjuguée et de la vitamine B12. Ces nouvelles caractéristiques  représentent un avantage pour la santé des humains. Cette viande de bœuf devient un aliment fonctionnel avec des propriétés pharmaceutiques.

Il valait donc la peine de poursuive le projet et FedNor à travers son Fond du Patrimoine s’est impliqué financièrement pour appuyer une coopérative de 6 producteurs du Nord de l’Ontario. Ceux-ci s’engageaient à produire ce bœuf selon un protocole strict. Le projet à été réalisé grâce à l’implication de Barry Potter, spécialiste en production bovine du Nord de l’Ontario du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales. Du coté du Québec, 6 autres producteurs se sont regroupés avec l’aide de l’UQAT dans le même but. Cependant, du côté du Québec, les producteurs n’ont pas voulu utilisé la nomenclature « Bœuf en or » à cause de sa connotation négative associée à la pollution causé par les mines d’or et des raffineries de cette région.  Ils lui ont donné le nom de « Vitalité pré ». Pour les producteurs du côté ontarien, la désignation « Bœuf en or » indiquait que pour nous, ce nouveau produit était notre or à nous.

Pour arriver à produire la nouvelle viande, les producteurs doivent élever le bouvillon, sans grain, sans antibiotiques (l’animal malade sera retiré du projet), et sans hormones.

Il devra être abattu entre 12 et 14 mois et peser entre 850 et 900 livres. Ce n’est que dans ces conditions que la viande présente des avantages pour la santé humaine en quantité significative. L’étiquetage de cette viande ne peut pas contenir ces prétentions à cause des normes qui exigent que chaque coupe subisse une série de tests et c’est trop dispendieux.

Forts de leur réussite, les gens impliqués dans la production du « Bœuf en or » ont mis sur pied des panels de consommateurs qui ont eu une réponse enthousiaste surtout que ce bœuf de qualité exceptionnel était produit localement sans hormones.

Il reste encore beaucoup de recherche à effectuer. Il s’agit d’identifier si du Simmental ou de l’Angus est la race avec la meilleure génétique. Il y a aussi le côté alimentation à étudier davantage : laquelle des légumineuses ou des graminées permettra de produire un animal dans le temps requis pour un maximum de valeur ajoutée. Puis il y a le moment de la coupe de la récolte qui est déterminant. Par exemple, la coupe des graminées devra s’effectuer au début de juin.

Présentement la viande se vend uniquement dans le Nord de l’Ontario dans les restaurants, chez les bouchers, dans les marchés de fermiers et sur le site Web. C’est un produit de niche pour une clientèle sensibilisé à ce produit et le nom : « Bœuf en or » est breveté.  La demande excède présentement l’offre si bien qu’il est devenu évident qu’il y a un marché plus vaste à conquérir pour ce produit. Pour y arriver, il faudra convaincre d’autres producteurs de s’embarquer dans cette aventure. Cela devrait se faire prochainement. Les arguments pour convaincre sont qu’avec le « Bœuf en or », plus besoin d’importer du grain, plus de frais de transport élevés et la possibilité de vendre directement leur produit : plus d’intermédiaires qui grugent dans la marge de profit sans rien y ajouter. Puis la recherche en mise en marché indique que le consommateur est près à payer 20% de plus pour un produit alimentaire de qualité supérieure. Le Nord de l’Ontario présente un trop petit marché de là la nécessité d’ouvrir davantage le bassin de population.

Pour Barry Potter, spécialiste en viande de boucherie, qui est impliqué aces ce projet depuis le début, l’expérience du « Bœuf en or » a été « un projet fascinant qui implique la recherche et sa mise en production immédiate. C’est aussi très satisfaisant de constater la prise en charge complète des agriculteurs sur leur produit. Ils contrôlent leur prix. Ils peuvent le déterminer eux-mêmes. Quand le prix du bœuf s’est effondré pour les agriculteurs et non pour les consommateurs, les producteurs de « Bœuf en or » n’ont pas été affectés ».