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le Mercredi 29 octobre 2014 7:00 Volume 32 Numéro 05 Le 24 octobre 2014

Le chien de garde à l’environnement de l’Ontario grogne

Le chien de garde à l’environnement de l’Ontario grogne
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Le monde agricole est à la fois observé sous la loupe de l’inquiétude et celle de l’optimisme par le commissaire à l’environnement de l’Ontario, Gord Miller. La crise des pollinisateurs et la méfiance envers l’introduction de luzerne génétiquement modifiée sur le marché donnent le ton de son rapport publié le 7 octobre. La Loi de 2013 sur les aliments locaux et un portrait de trois producteurs préconisant la santé des sols sont par ailleurs félicités.

« Tout ce que j’ai devant moi et les rapports scientifiques me suggèrent comme écologiste que les néonicotinoïdes représentent la plus grande menace à l’intégrité de l’écosystème que j’ai rencontrée de toute ma vie. Plus grave encore que le DTT »,  a affirmé Gord Miller, en conférence de presse.

La réaction de Grain Farmers of Ontario n’a pas tardé à être transmise par voie de communiqué. « Dire que les néonicotinoïdes sont une menace plus grande que le DTT était irresponsable »,  mentionne le président de l’organisme, Henry Van Ankum. Ce dernier soutient que les produits à base de néonicotinoïdes n’auraient pas été approuvés s’ils étaient similaires au DTT.

Cette catégorie d’insecticides a été homologuée il y a 10 ans.

L’interdiction d’utiliser les insecticides visés n’est cependant pas prônée par le commissaire. Il recommande plutôt que le ministère de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique de la province entreprenne un suivi pour déterminer la prévalence et les effets des néonics sur le sol, les cours d’eau et les plantes sauvages.

Questionné par les journalistes sur la chute potentielle des rendements en cas de bannissement des néonicotinoïdes, le commissaire rétorque qu’il ne possède pas de données qui prouvent que l’utilisation de ses produits a amené d’importantes augmentations de rendements. Il préconise la mise en place d’une stratégie intégrée de lutte contre les ravageurs, au lieu de l’usage préventif de ses insecticides.

Gérer les sols autrement

La reconnaissance de l’importance de la santé des sols et sa popularité grandissante dans la sphère scientifique et le monde pratique de l’agriculture sont soulignées dans le document. Le commissaire à l’environnement démontre, à l’aide de l’exemple de trois producteurs de grandes cultures (biologiques et conventionnelles), qu’il est possible d’avoir des rendements plus élevés, une meilleure résistance à la sécheresse et une diminution d’utilisation des intrants chimiques avec une approche respectant la santé des sols.

M. Miller souhaiterait que le ministère de l’Agriculture de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario engage plus de ressources pour promouvoir et vulgariser les techniques de la gestion et la santé des sols. L’auteur du rapport démontre que la durabilité environnementale ne rime pas nécessairement avec le sacrifice du profit.

Luzerne OGM

L’introduction de la luzerne génétiquement modifiée est aussi critiquée.

Une requête de révision pour que la distribution et la vente de luzerne tolérante au glyphosate (Roundup Ready) soient sujettes aux nouvelles dispositions de l’évaluation environnementale ontarienne a été déposée par deux résidents de la province.

La demande de révision a toutefois été rejetée, l’homologation des semences étant de juridiction fédérale.  L’Agence canadienne d’inspection des aliments a déterminé que la luzerne OGM pose un « risque apparent minimal » à l’environnement, ce qui en autorise la vente au pays.

Sous le thème de la gestion des nouveaux défis, le rapport annuel du commissaire à l’environnement de l’Ontario émet des recommandations et des critiques touchant notamment la foresterie, la pollution et l’eau potable. Le commissaire, indépendant du parlement ontarien, veille au respect de la Charte des droits environnementaux de 1993.