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le Mercredi 16 février 2005 0:00 Le 16 février 2005

Le pâturage intensif des bovins

Le pâturage intensif des bovins
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L’hiver permet de prendre le temps de planifier la prochaine saison. Êtes-vous intéressés à augmenter votre lait fourrager? Dans l’affirmative, pensez aux pâturages intensifs.

En la matière, on se réfère souvent à un agronome français, André Voisin qui avait réalisé des recherches dès la fin des années 1950 pour améliorer l’utilisation des fourrages par les bovins. Le système Voisin est devenu une référence technique du pâturage intensif qui a été redécouvert par l’agriculture biologique dans les années 1970. À la même époque, les Néo-Zélandais ont mis en application cette technique pour améliorer leur production de lait et de viande d’agneau, développant des clôtures amovibles et légères (comme celles de la compagnie Gallagher) qui rendaient le pâturage intensif possible sur de grandes superficies et avec une main-d’oeuvre limitée.

Principes d’application

Alors que généralement dans les systèmes de pâturage en continu ou en rotation conventionnelle, on laisse les animaux choisir où ils vont brouter et ce qu’ils mangent. Ils évitent ainsi les mauvaises herbes qui peuvent alors se reproduire et avec le temps, le pâturage se dégrade.

Très souvent aussi, on ne laisse pas suffisant de temps aux plantes pour qu’elles fassent des réserves adéquates pour se maintenir convenablement. Mais encore, la superficie du pâturage est souvent trop grande et la densité des animaux trop faible ce qui ne permet pas une utilisation optimale des ressources. Ces façons de faire sont tout le contraire du pâturage intensif.

Le pâturage intensif à la manière « Voisin » permet de maintenir un pâturage qui se renouvelle avec l’intervalle de temps approprié entre deux broutages, cet intervalle étant fonction de la période de la saison et de la densité des animaux.

Ce système est basé sur deux règles essentielles:

1. La période de repos de l’enclos entre deux passages des animaux dépend du rythme de croissance des plantes qui composent le pâturage, du sol et des conditions climatiques. Ainsi, au printemps la pousse est rapide et par conséquent, la période de repos est courte. Généralement, les conditions sont inversées durant l’été.

2. Quelle que soit la rotation, les animaux ne devraient pas séjourner plus de six jours dans un enclos, deux jours étant le meilleur choix. C’est dire que ce type de pâturage exige une bonne planification.

La régénération des plantes est donc essentielle pour assurer la pérennité du pâturage. Au Vermont, le chercheur W. Murphy (Université du Vermont) a observé que pour maintenir une croissance optimale, la pause devait se situer entre 12 et 15 jours pour la période allant de la fin avril jusqu’au début mai, 18 jours vers la fin mai, 24 jours vers le début juillet, 30 jours pour le début d’août, 36 jours vers le 1er septembre et 42 jours au début d’octobre. Dans ces conditions propres au Vermont, il est alors possible de pâturer de la mi-avril à la mi-novembre.

Étant donné que la croissance végétale est rapide durant la période mai-juin, il est nécessaire de garder la moitié de la superficie totale du pâturage pour la récolte de foin. Suite à quoi, cette superficie aura besoin d’une période de repos de 25 à 30 jours avant d’être pâturée de nouveau en rotation. C’est pourquoi le nombre d’enclos augmente pour le reste de la saison, ce qui augmentera la période de repos de chaque enclos.

La grandeur de l’enclos est importante. Il faut que la superficie soit assez petite pour permettre au troupeau de brouter le tout jusqu’à 2,5 à 3,8 cm du sol et ce dans la période d’occupation. Cela permet d’éviter que l’animal sélectionne ses plantes et ainsi, les mauvaises herbes peuvent être mieux contrôlées.

Cette approche exige aussi que les plantes à brouter ne devraient pas être plus hautes que 15-20 cm afin de ne pas défavoriser les légumineuses à croissance lente. Il est recommandé que la superficie d’un enclos soit moins d’un hectare, bien sûr, cela dépend de la période de paissance, du nombre d’animaux et de la productivité des pâturages.