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le Mercredi 16 février 2011 0:00 Volume 28 Numéro 12 Le 16 février 2011

Les parlementaires fédéraux inquiets du manque de relève

Les parlementaires fédéraux inquiets du manque de relève
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Les exploitants agricoles de l’ensemble du pays vieillissent et un nombre insuffisant de jeunes répondent à l’appel afin d’assurer une relève. C’est le constat auquel en arrivent les membres du comité de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes au terme d’une tournée nationale effectuée en 2010, constat que le comité juge préoccupant dans son rapport.

 

Avant d’accoucher de ce rapport, le comité a fait escale dans les quatre provinces de l’Ouest canadien, en Ontario, au Québec et en Atlantique, visitant 18 fermes et entreprises agricoles, consultant les diverses associations agricoles provinciales et rencontrant 132 producteurs, dont des jeunes.

 

D’après les conclusions du comité, si on note une absence de relève dans ce secteur – l’âge moyen des exploitants agricoles au pays ayant passé de 48,4 ans en 1996 à 52 ans en 2006 – ce n’est pas par manque d’intérêt mais plutôt parce que l’industrie n’est pas assez rentable.

« La passion seule ne suffit pas pour les convaincre (les jeunes) de rester dans cette profession. Ils la considèrent d’abord et avant tout comme une entreprise qui doit être rentable », conclut le comité parlementaire.

 

La question de la rentabilité est d’ailleurs revenue en de maintes occasions dans les témoignages entendus par le comité. Bien que l’on voit certains signent encourageants alors que les Canadiens semblent de plus en plus s’intéresser à la souveraineté alimentaire et à savoir d’où provient leur nourriture, le comité estime qu’il est impératif de trouver dans les plus brefs délais des moyens d’accroître la rentabilité du secteur agricole. Ainsi, il serait possible d’inciter de jeunes entrepreneurs à prendre la relève, croit-on.

 

« Ce ne sont pas des entrepreneurs ordinaires, car ils travaillent dans un secteur qui, généralement, exige d’importantes dépenses en immobilisations, alors que le rendement est relativement faible », indique le comité. « Les importantes dépenses en immobilisations et les faibles rendements rendent l’entrée dans le secteur agricole plus difficile et moins attrayante pour les jeunes », poursuit-on dans le rapport.

 

Règles trop strictes régissant le financement

Si l’on se fie aux commentaires émis par les intervenants s’étant adressés aux élus fédéraux, l’accès au crédit constituerait un obstacle majeur en ce qui concerne l’entrée en scène de jeunes entrepreneurs dans le secteur agricole. Afin de remédier à ce problème, le comité recommande de modifier la Loi canadienne sur les prêts agricoles, que l’on ne juge pas suffisamment souple sous sa forme actuelle.

 

Par exemple, la Loi canadienne sur les prêts agricoles, un programme conçu par Ottawa afin d’offrir une garantie pour le crédit financier, n’est présentement accessible qu’aux jeunes agriculteurs disposant de moins de six ans d’expérience dans le domaine. Le comité suggère de se baser sur une fourchette d’âges plutôt que sur un nombre d’années d’expérience afin que davantage de jeunes agriculteurs aient accès à du financement.

 

Par ailleurs, on recommande que le programme fédéral en question consente des rabais sur les taux d’intérêts, un peu à la manière de programmes provinciaux instaurés en Nouvelle-Écosse, au Manitoba et en Alberta.

 

Enfin, on a déterminé que le critère de garantie de prêt n’avantage pas les petits exploitants puisque ces derniers ne disposent pas de suffisamment d’actifs pour garantir leur prêt.

 

« Il est difficile pour les jeunes agriculteurs qui commencent, qui n’ont donc pas d’actifs et qui ont des dettes d’études de fournir cette garantie. En outre, certains d’entre eux doivent louer des terres puisque celles-ci sont trop coûteuses pour qu’ils les achètent », tranche le comité.