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le Jeudi 29 juillet 2021 17:18 Volume 38 Numéro 12 - Le 23 juillet 2021

Les séchoirs à houblon du Ridge

Les séchoirs à houblon du Ridge
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Pat Sloan lit les signatures que Lucy Sloan et Gaetanne Dupond ont laissées sur une planche du séchoir à houblon de la famille Sloan à Fournier, le 24 août 1945. Photo : André Dumont.

Par André Dumont, journaliste

Le houblon donne une saveur intrigante à la bière… et à l’histoire agricole de l’Est ontarien !

Le long du chemin du Ridge, aux environs de Fournier, les houblonnières ont longtemps dominé le paysage. Qu’en reste-t-il? Quelques séchoirs et une bonne dose d’intrigue.

«Ça partait d’ici, sur la Concession 7 (au sud de St-Bernardin) et ça allait jusqu’à Riceville. C’était tout du houblon. Il y avait rien d’autre», nous a confié Armand Besner, un résident de St-Bernardin né en 1928.

En entrevue avec Agricom, M. Besner a raconté à quel point il fallait beaucoup de main-d’œuvre pour la culture du houblon. Des familles entières étaient embauchées pour «casser le houblon» à la récolte, tandis que des hommes comme M. Besner chauffaient les poêles dans les séchoirs.

Vers la fin des années 1940, les houblonnières sont soudainement disparues. «La culture du houblon a cessé et on n’en a plus reparlé», rapporte Patrick Sloan, dont la ferme familiale était située dans le village de Fournier.

Bien peu d’écrits existent sur ce pan de l’histoire agricole de l’Est ontarien. Ceux qui l’ont vécu ont pour la plupart plus de 85 ans. Une part de mystère persiste : qui exactement achetait le houblon sec? Pourquoi exactement cette culture a-t-elle été subitement rayée de la carte? Les francophones cultivaient-ils aussi le houblon, ou étaient-ils surtout impliqués dans la récolte chez des producteurs anglophones?

Avec l’aide de M. Sloan, nous avons identifié cinq séchoirs qui sont encore debout. Mis à part le sien, ils sont tous situés sur «le Ridge» (chemin de comté 10), à l’est de Fournier. On les reconnaît à leur emplacement tout juste en bas de la route, qui permettait de livrer les cônes de houblon à sécher directement au deuxième étage.

Les séchoirs qui ont survécu se trouvent presque tous sur le côté nord du chemin du Ridge. Un pont permettait de livrer les «caboches» de houblon mûres directement au 2e étage, pour le séchage. Photo : André Dumont.

Y en a-t-il d’autres? Nos recherches indiquent que la culture du houblon n’était pas limitée aux champs le long du chemin de Ridge. Il y aurait eu jusqu’à 30 houblonnières en activité.

Vers le milieu des années 1890, le houblon était déjà bien installé dans la région. Le village de St-Bernardin (1912) n’existait pas encore, mais Fournier (1867) et Riceville (1849) étaient des communautés agricoles florissantes, composées principalement d’anglophones.

Publié pour la première fois en 1896, le livre History of the Counties of Argenteuil, Quebec and Prescott, Ontario, écrit par l’enseignant et auteur Cyrus Thomas, nous offre quelques informations sur la culture du houblon dans ce qui était autrefois le canton de Plantagenet Sud : 

 «Une attention considérable a été donnée ces dernières années à la culture du houblon, mais en raison des bas prix, certains agriculteurs ont décidé d’abandonner cette industrie. Il y a 30 houblonnières dans le canton, récoltant annuellement une à six tonnes chacune. Le plus grand champ de houblon s’étend sur 14 acres.» (traduction par Agricom)

Selon le livre paroissial St-Bernardin 1912-2012, la culture du houblon était très profitable dans les années 1930 et 1940.

Pourquoi cette culture est-elle soudainement disparue? Le livre de St-Bernardin évoque entre autres la concurrence de l’Ouest canadien, la difficulté à contrôler des insectes et virus, la main-d’œuvre devenue plus coûteuse et la volatilité des prix.

Appel à tous

Que savez-vous sur l’histoire de la culture du houblon? Connaissez-vous d’autres séchoirs encore en place? Votre famille a-t-elle conservé des outils, ou des photos? On veut voir !

Partagez-nous vos souvenirs, documents et photos !

[email protected] ou téléphonez-nous : 613-488-2651 poste 200

Agricom a pu visiter trois séchoirs encore en place. Compte-rendu dans le prochain numéro.

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