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le Lundi 25 juillet 2016 11:11 Volume 33 Numéro 21 Le 8 juillet 2016

Louis-Philippe Desjardins, maraîcher au cœur d’artiste

Louis-Philippe Desjardins, maraîcher au cœur d’artiste
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Il est curieux le parcours de Louis-Philippe Desjardins, 29 ans. Il a une formation en musique, en théâtre et un baccalauréat en science politique et histoire. Il a commencé par faire de l’agriculture urbaine à son domicile à Sudbury. Puis un jour, un voisin,  au cours de sa promenade quotidienne avec son chien, propose à Louis–Philippe de lui prêter gratuitement 10 acres de sa propriété en campagne « pour se pratiquer». Et c’est l’aventure qui commence. Trois ans plus tard, en 2015,  Louis-Philippe a son propre jardin qu’il a lui-même défriché. Il y a déménagé sa maison et  distribue 280 paniers de légumes. Mais c’est trop et pour 2016 il ajuste le tir.  Il se limite à 75 paniers, fournit un restaurant et la Coop Mangeons local Sudbury. Mais le dur labeur de la terre n’empêche pas Louis-Philippe d’avoir de l’humour. Il a nommé sa ferme : La rose des jardins (Desjardins).

Il faut ajouter que Louis-Philippe vient d’être père d’un deuxième enfant. Ça oblige à des rajustements et son objectif devient : « Faire raisonnablement, mais bien; viser la qualité; fidéliser la clientèle et créer un attachement communautaire tout en se souciant d’efficacité.» Son but est de produire 75 % de ses légumes en serre. Présentement, il en a une de 3 000 pi2, une de 800 et une en attente d’être montée de 12,000 pi2. Bien qu’il produise tous les légumes habituels, Louis-Philippe privilégie la culture des légumes asiatiques à feuilles vertes, des laitues, et des épinards.

Comme plusieurs jeunes agriculteurs, Louis-Philippe parle de l’amour de la culture maraîchère : « Nous sommes les durs à cuire du terroir, nous avons la fierté du terroir! » Et ses clients lui disent : « Tu fais ce que j’aurais aimé faire. Toi, tu as eu le courage de te lancer. » Notre maraîcher est conscient que les gens qui veulent son panier de légumes viennent chercher quelque chose de plus : le contact humain.  Cette relation particulière avec les clients fait qu’il se sent privilégié : « Je suis en contact avec de vraies choses », dira-t-il. C’est ce message et la santé par la culture biologique des aliments qu’il apporte aux séminaires offerts à l’Université Laurentienne de Sudbury et aux rencontres d’infirmières. Louis-Philippe se voit comme « un ambassadeur du mieux se nourrir et de la promotion d’une économie alternative communautaire. « Ça séduit beaucoup de gens et après, ils veulent un panier, une Veggie Box », ajoute-t-il.

Louis-Philippe ne vient pas de famille d’agriculteurs. Jeune, l’été, il a travaillé chez son oncle cultivateur. Il n’a pas de formation formelle en horticulture. Pour pallier à son peu d’expérience, il a eu cette bonne idée de prêter une partie de son jardin à une employée de Mangeons local Sudbury qui connaît ça: « une excellente façon d’apprendre. » Maintenant qu’il est établi, en retour, il offre des parties de ses serres à de jeunes maraîchers qui démarrent. C’est qu’il croit fermement qu’il y a un potentiel pour un marché de niche en agriculture dans le Nord de l’Ontario. « C’est aussi une façon de garder les jeunes dans la région. »

Créer une communauté de maraîchers qui vendent directement aux clients ne réussira que s’il y a les conditions appropriées. En plus de son association avec la Coop Mangeons local Sudbury, Louis-Philippe s’associe au Collège Boréal. Il reconnaît l’avantage de se faire présenter un modèle d’exploitation maraîchère par des gens qualifiés. Pour un jeune qui veut débuter en agriculture, envisager de faire sa vie avec la culture de légumes est accessible. « J’ai pu partir avec quatre acres, alors les étudiants peuvent voir que c’est possible. Je pourrais même leur offrir ma serre »,  conclut Louis-Philippe.

Il ne sait pas où l’aventure le mènera, mais le jeune maraîcher, père de famille, espère au moins que ce que ses enfants retiendront de lui  : « Si tu as un rêve en tête, fais-le! »