La fin du monopole de la Commission canadienne du blé (CCB) est proche. Le gouvernement Harper a promis de mettre fin à ce monopole avant la campagne de mise en marché 2012-13. Depuis 1943, les agriculteurs des provinces des Prairies étaient contraints par une loi à vendre leur blé et leur orge à la CCB, faute de quoi ils risquaient la prison. La fin de ce monopole ne pouvait arriver assez tôt, mais de nombreux agriculteurs des Prairies demeurent préoccupés par l’avenir de la Commission, ce qui est de mise.
La CCB a mené un plébiscite et les résultats ont été rendus publics le 12 septembre dernier. Une part importante d’agriculteurs (62 %) souhaite que le monopole soit maintenu. Cette majorité est beaucoup plus mince lorsqu’il s’agit de l’orge (51 %) puisque les enjeux sont beaucoup moins importants que ceux du blé. Le blé est la culture la plus importante dans les Prairies et 80 % est exportée. Ces résultats ne sont donc pas surprenants, mais ils ont indubitablement influencés la volonté du gouvernement Harper de mettre fin à ce monopole.
L’une des faiblesses de ce plébiscite c’est qu’il ne fait pas le poids sur le plan économique. La conception de l’échantillonnage était erronée depuis le début puisque chaque agriculteur avait droit à un vote, alors que dans les faits, plusieurs cultivent ces grains pour obtenir un revenu d’appoint. La fin de ce monopole sera avantageuse pour l’ensemble de l’économie agricole de l’Ouest. Plusieurs producteurs d’orge et de blé attendent jusqu’à 18 mois avant de recevoir leur paiement et en raison de sa capacité logistique réduite, la commission ne peut pas répondre efficacement à de très grosses commandes.
Cependant, le plébiscite apporte une couleur démocratique à cet important débat. On ne peut cependant prédire avec certitude comment les marchés réagiront. Sur le plan local, les fermes vont probablement continuer à prendre de l’ampleur. Il en résulte que les détaillants de machineries agricoles profiteront de la fin de ce monopole, que les investissements en capitaux vont probablement augmenter sur une période de temps et que l’esprit entrepreneurial des Pairies trouvera sa juste place lorsqu’on mettra en marché les produits canadiens à l’étranger. Des études ont maintes fois démontré que la Commission n’est pas à la hauteur pour négocier des transactions. Pour bien servir les agriculteurs des Prairies canadiennes, la Commission doit améliorer ses capacités de négoce, et établir clairement la valeur de ses propositions aux agriculteurs, et ce, sans détenir un monopole.
Cependant, le nombre de fermes contribuera probablement à diminuer, ce qui occasionnera des changements subtils dans le paysage. Il faut maintenant impliquer les agriculteurs dans les discussions au sujet de l’après-monopole : c’est très important, mais on pourrait manquer de temps. Pour aller de l’avant, la CCB doit d’abord survivre afin de pouvoir desservir les fermes qui ont une plus faible capacité de production et qui sont éloignées de la frontière américaine. L’exécutif de la Commission doit revoir sa stratégie et reprendre un dialogue constructif avec Ottawa. Le ministre Ritz et son équipe ont essayé à plusieurs occasions, mais sans succès. La Commission aura besoin de l’aide et des conseils d’Ottawa pour devenir plus efficace. La CCB a besoin d’une nouvelle architecture organisationnelle et de nouvelles raisons d’être. Une stratégie d’inertie n’apportera ni l’un ni l’autre.