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le Mercredi 2 Décembre 2020 11:50 Volume 38 Numéro 4 - Le 20 novembre 2020

Un milliard pour les communautés rurales – une pandémie plus tard

Un milliard pour les communautés rurales – une pandémie plus tard
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Par Danik Lafond

Le 4 novembre dernier, le gouvernement de l’Ontario annonçait la bonification de son plan d’action Passons à une vitesse supérieure. Un investissement d’un milliard de dollars visant l’amélioration de la connectivité et l’accès aux services à large bande dans les communautés mal desservies par Internet haute vitesse et le réseau cellulaire en Ontario.

Trouver des communautés rurales et agricoles mal desservies par les réseaux Internet et cellulaires en Ontario est d’une facilité déconcertante. L’annonce du gouvernement Ford s’est faite à Minden Hills mais aurait pu tout aussi bien se dérouler dans n’importe quel canton situé à l’extérieur des grands centres urbains de l’est, du sud-ouest ou du nord. Par exemple, l’accès à la technologie LTE (réseau cellulaire) est pratiquement inexistant pour la plupart des communautés rurales à l’ouest de Timmins et Sudbury. Au milieu du triangle Ottawa-Cornwall-Montréal, la très grande majorité des familles n’ont pas accès à la connectivité seuil de 50/10 Mb/s. En d’autres mots, la majorité des entreprises agricoles de l’est, du sud-ouest et du nord de l’Ontario n’ont pas accès à un service de télécommunication fiable pour supporter leur développement économique.

La vitesse d’Internet dans les communautés rurales est loin de pouvoir être qualifiée de « haute vitesse ». Des données récentes indiquent que les Canadiens vivant en milieu rural expérimentaient des vitesses de téléchargement environ 10 fois plus lentes qu’en milieu urbain entre mars et juillet 2020. En pleine pandémie, la performance du service Internet dans les villes a doublé (+25 Mb/s) alors que la vitesse Internet dans les communautés rurales est restée pratiquement inchangée, plafonnée au mieux à 5,6 Mb/s — je le répète, une connectivité acceptable minimale est fixée à 50 Mb/s. En d’autres mots, l’amélioration nette de la vitesse d’Internet dans les villes durant la pandémie a surpassé de cinq fois celle de la connectivité usuelle en zone rurale. C’est une situation inacceptable.

Les marchés fermiers et les foires agricoles, lieux de mise en marché, de réseautage et de développement des affaires pour de nombreuses entreprises agricoles, ont vu leur fonctionnement se transformer depuis le début de la pandémie. De plus en plus d’achats se font en ligne et le mode de livraison à domicile des produits agricoles locaux connait un engouement sans précédent. Sans connectivité à haute vitesse fiable, les entreprises agricoles peuvent difficilement s’adapter à la demande et prospérer. Le ministre Hardeman a annoncé le 9 novembre dernier, une aide financière appréciable pour les organisations agricoles et horticoles. On s’en rend bien compte, les fermes familiales, les marchés fermiers et les organisations agricoles sont des moteurs économiques importants. Chaque dollar investi dans un évènement agricole aura une retombée de 4,25 $. Les régions rurales produisent environ 30 % du PIB canadien tout en assurant la souveraineté et la sécurité alimentaire des centres urbains. L’agriculture et l’agrotourisme seront sans aucun doute des moteurs importants de la relance économique post-pandémie.

La compétitivité et la productivité de nos entreprises agricoles dépendent donc d’un accès fiable à Internet haute vitesse et à un bon réseau cellulaire. Il est erroné de penser que nos agriculteurs ne sont pas « connectés ». Par exemple, les bâtiments de ferme sont équipés de robots de traite, de systèmes de ventilation et de systèmes de prévention des incendies informatisés. Nos agriculteurs reçoivent les informations de ces systèmes sur leur téléphone intelligent et utilisent quotidiennement des applications web pour la météo, la gestion des champs et pour la surveillance du bien-être animal — sans compter l’importance des mises à jour des logiciels. Les colloques, conférences (webinaires) et assemblées en agriculture se font maintenant à distance, virtuellement. Nos agriculteurs ont donc plus que jamais besoin d’une connectivité fiable et de qualité.

Ce n’est toutefois pas un problème nouveau. La pandémie actuelle exacerbe l’urgence d’agir. L’Ontario est ouvert aux affaires… souhaitons que l’Ontario soit rapidement ouvert aux affaires électroniques pour nos communautés rurales et agricoles.