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le Vendredi 21 août 2015 11:12 Volume 33 Numéro 01 Le 21 août 2015

Un moment historique à Saint-Albert

Un moment historique à Saint-Albert
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Difficile de contenir ses larmes pour François Latour au moment de hisser le drapeau canadien. C’est le signal pour donner le coup d’envoi à la centaine de moulins à battre antiques réuni sur le site de la Fromagerie St-Albert pour tenter d’établir un nouveau record Guinness, le 15 août dernier.

« Je travaille là-dessus depuis un an et demi et là, c’est mon rêve qui va se réaliser », commente M. Latour avant de s’élancer vers la section où plusieurs membres de sa famille sont à l’œuvre.

On entend les sifflements qui s’échappent des mastodontes et le ronflement des vieux tracteurs qui doivent fonctionner pendant 15 minutes pour que le défi soit réussi. Fourches en mains, les participants alimentent les moulins des quintaux d’orge qui garnissent leur chariot. La récolte a été effectuée comme autrefois et c’est l’un des nombreux critères que vérifient les officiels sur le site.

M. Latour et son équipe ont réussi à convaincre 117 propriétaires de ces antiques machines à prendre part à l’aventure. Ils sont venus de partout en Ontario et du Québec. Le record à ce jour était de 43 moulins à battre simultanément, exploit qui avait été réalisé en 2013 en Saskatchewan. Et même si le nombre de 117 laissait présager que le record serait remporté, rien n’était encore assuré puisqu’il fallait qu’un pourcentage très élevé de ces engins tienne le coup jusqu’à la fin.

« Ce sont de très vieilles machines et elles peuvent briser facilement », expliquait l’un des participants, Nicholas D’Amour de Rigaud au Québec, qui accompagnait son père, Gilles D’Amour, membre du comité organisateur.

Avec 111 moulins à battre encore en marche au terme des quinze minutes, François Latour a envoyé son chapeau valser bien haut au moment où le drapeau des records Guinness a été hissé à son tour. Même le juge Casey Desantis du bureau de New York pour les records Guinness a admis avoir été épaté par la performance.

L’exploit s’est déroulé devant des milliers de personnes qui ont grossi le nombre des entrées au Festival de la Curd de Saint-Albert. Ceux qui ne portaient pas de bottes de caoutchouc ont quand même fait fi de la boue pour s’approcher du site. Malgré la chaleur accablante, personne ne semble avoir pensé à se plaindre, le moment étant trop important.

Pas moins de 500 bénévoles ont permis la tenue de l’activité, à différents stades de sa préparation. C’est dire à quel point, François Latour a su mobiliser la communauté pour l’accomplissement de son rêve. Au cours de la dernière année, il s’est rendu chez plusieurs candidats pour les aider à restaurer leurs vieilles machines. Ce collectionneur d’Embrun, dans l’Est ontarien, connaît les éditions du Livre du record Guinness sur le bout de ses doigts et rêvait d’y voir un jour son nom y figurer.

L’activité aura également bénéficié à une cause particulièrement chère à M. Latour, la recherche sur le cancer du sein, son épouse Suzanne en étant décédée le soir même de l’événement! Le grain récolté a été vendu pendant l’événement et les sommes amassées seront versées à la Société canadienne du cancer

C’est encore très ému que cet homme à la fibre agricole implantée depuis plusieurs générations a tenu dans ses mains le certificat attestant de cet exploit.

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