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le Lundi 15 septembre 2014 16:09 Volume 32 Numéro 02 Le 12 septembre 2014

Un recours collectif de 450 M$ vise Syngenta et Bayer

Un recours collectif de 450 M$ vise Syngenta et Bayer
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Un recours collectif de 450 millions $ est lancé contre Bayer (Crop Science) et Syngenta Canada par des apiculteurs de l’Ontario.  Le déclin des populations d’abeilles et les pertes économiques liées à la prétendue exposition néfaste des néonicotinoïdes ont poussé les producteurs agricoles à passer à l’action et à poursuivre ces deux fabricants de pesticides.

Ces insecticides systémiques, dérivés de la nicotine, sont utilisés pour le traitement des semences, l’application foliaire ou l’application au sol. Chez les détaillants de produits phytosanitaires, ces intrants sont commercialisés entre autres sous les bannières Poncho, Cruiser et Stress Shield.

La cause a été déposée devant la Cour supérieure de l’Ontario au nom de deux des plus importants producteurs de miel de la province, Sun Parlor Honey et Munro Honey, le 2 septembre. Si ce recours est autorisé par le tribunal, tous les producteurs apicoles du Canada seraient automatiquement admis, à moins de décider volontairement de ne pas s’y joindre.

 

« Nous savons que le gouvernement fédéral ne va pas interdire ces insecticides malgré la démonstration de leur toxicité chez les abeilles, se désole Bernie Whiele, producteur apicole et administrateur à l’Ontario Bee Association. Nous avons été réticents à lancer ce recours collectif, mais nous n’avons pas le choix. Plusieurs opérations apicoles commerciales ont dû fermer leur porte dernièrement. »

L’objectif du recours collectif est double. Les apiculteurs veulent d’abord et avant tout être dédommagés pour les pertes encourues par les apparents effets toxiques des néonicotinoïdes sur leurs ruches, mais également convaincre les fabricants de changer de comportement. Ils voudraient que les compagnies offrent un produit sans risques pour les abeilles et pour l’environnement.

Évidences scientifiques probantes?

« Il y a un lien clair et irréfutable entre la mortalité des abeilles et l’utilisation des néonicotinoïdes », affirme M. Lascoris. Les instigateurs de la poursuite se basent notamment sur une vaste revue littéraire scientifique d’un groupe de chercheurs indépendants qui parviennent à cette conclusion.

Par voie de courriel, M. [JA4] Rozdeba, représentant marketing et communication de Bayer (Crop Science), a préféré ne pas émettre de commentaires spécifiques sur l’affaire étant donné la nature active du litige. Il reconnaît qu’un recours a été classé, mais il souligne que la cour de l’Ontario n’a pas encore accepté la cause, étape qui pourrait s’étirer jusqu’à la fin 2015.

Il réitère l’engagement de sa compagnie à appuyer la recherche de solutions pour résoudre les problèmes de santé des abeilles.

Un survol de la documentation publique des deux fabricants d’insecticides visés par cette poursuite permet de constater l’importance de l’adoption des pratiques de gestion exemplaires. Parmi celles-ci, notons une communication étroite avec les producteurs d’abeilles pour évaluer la possibilité de déplacer les ruches durant le semis,  l’utilisation d’un agent de fluidité pour diminuer la poussière qui se volatilise dans l’air, le nettoyage et l’entretien de l’équipement de semis. La mise en œuvre de ces pratiques permettrait de maximiser les avantages des traitements de semences tout en protégeant les pollinisateurs.

Bourdonnements d’inquiétudes

« Jamais dans ma carrière je n’ai constaté autant d’intérêt du public. Les abeilles via leur pollinisation contribuent au tiers des ressources alimentaires mondiales. Beaucoup de gens s’inquiètent et ils ont raison de s’inquiéter », ajoute M. Lascoris, l’un des avocats des plaignants.

« Il n’y a jamais de garantie qu’un recours collectif soit autorisé, précise M. Lascoris de la firme Siskinds, le cabinet d’avocats chargé de représenter les producteurs apicoles. En cas de rejet, nous sommes prêts à intenter des centaines de recours individuels. »

Au moment de mettre sous presse, trente producteurs apicoles, qui représente environ 50% du marché ontarien se sont engagés dans ce recours collectif.

Un rapport du Conference Board of Canada commandité par le Grain Farmers of Ontario et CropLife Canada estime toutefois que les agriculteurs ontariens pourraient perdre jusqu’à 630 millions $ par année si le gouvernement bannissait l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes.