le Vendredi 26 avril 2024

La chrysomèle rayée du concombre est facilement identifiable par ses bandes noires et jaunes sur le dos. Crédit Joseph Moisan-Des Serres, MAPAQ

Par Charles de Maisonneuve

La chrysomèle rayée est un important ravageur des cucurbitacées (concombres, melons, citrouilles, courges). L’adulte peut rapidement détruire une culture de jardin en transmettant la maladie du flétrissement bactérien par la bactérie Erwinia tracheiphila.

Une fois contaminé, il n’est pas possible d’éradiquer la maladie. La prévention est donc la clé pour préserver les plantations de concombre ou de melon qui résistent le moins bien à la maladie.

 La chrysomèle rayée reste un ravageur important même s’il ne transmet pas de bactérie. Comme elle se nourrit de feuilles, de tiges et de fleurs en faisant des trous, la plante n’arrive pas à faire suffisamment de photosynthèse pour croitre normalement à un rythme normal. Finalement, ses larves se nourrissent des racines et elles peuvent accentuer les symptômes de stress hydrique.

On reconnait facilement la chrysomèle rayée par ses rayures noires et jaunes bien définies sur les ailes en carapace (dos de l’insecte), son thorax orangé, sa tête et ses antennes noires et les bandes noires et jaunes sur les pattes. Ce ravageur mesure environ 6 mm et il peut être confondu avec deux autres types de chrysomèles, dont la chrysomèle maculée aussi vectrice de la maladie.

Quand et comment traiter

Les insectes sortent de terre au mois de mai quand le sol atteint une température de 10oC. Ils deviennent beaucoup plus visibles du début à la mi-juillet. Ils arrivent souvent soudainement suite à des journées chaudes et humides. Leur présence se poursuit avec une 2e génération qui perdure jusqu’aux températures froides de septembre. La première génération est la plus dommageable d’où l’importance de faire la lutte tôt en saison. Il est recommandé d’intervenir surtout entre le stade cotylédon et 5 vraies feuilles.

Les produits à faible impact ont une efficacité partielle et  servent à réduire les populations. Un pesticide naturel facilement disponible en jardinerie est le mélange de savon insecticide et de pyréthrine (type End All ou Trounce). Il faut l’appliquer très tôt le matin, car la pyréthrine se dégrade rapidement au soleil (10 à 12 minutes) et le produit doit être en contact direct avec l’insecte pour être efficace. Les insectes sont plus faciles à atteindre quand ils ne volent pas soit à une température inférieure à 18oC. 

 Il est possible d’utiliser un biopesticide (ex. Get-Out-Grub) composé des nématodes Steinernema et Heterorhabditis contre les vers blancs du gazon sur les larves de chrysomèles situées dans le sol. Il faut traiter la plante quand la terre est humide, donc de juin jusqu’à la mi-juillet (dépendamment du climat). Le traitement doit principalement être localisé sur les gazons denses et les zones de culture de cucurbitacées, des surfaces privilégiées pour la ponte. 

  Certaines substances sont utilisées comme répulsifs sur le feuillage. Des extrait à l’éther (pulvérisés à 50% de concentration) de pignons (graines) de pin blanc (Pinus strobus), de feuilles de genévrier rouge (Juniperus virginiana), de sanguinaire (Sanguinaria canadensis) et de la fougère (Driopteris marginalis) sont mentionnés dans la documentation. Il y a également des solutions de piment fort et d’ail et des solutions de cendre et de chaux hydratée.     

  En matière de culture biologique commerciale, les producteurs peuvent utiliser de l’argile blanche kaolin (Surround WP). D’autre part, l’huile de Neem a un effet répulsif et il perturbe le développement normal de la chrysomèle. Malheureusement, le pesticide n’est pas homologué au Canada. Il est légèrement toxique pour les humains et il est fortement toxique pour les abeilles.

Par :Sylvain Charlebois, ProfesseurTitulaire et Directeur Principal

LABORATOIRE DE SCIENCES ANALYTIQUES EN AGROALIMENTAIRE, Université Dalhousie

Il semble que nous verrons tous bientôt différents symboles sur les emballages alimentaires des produits en épicerie. Santé Canada adoptera probablement sous peu une politique forçant l’apposition de symboles nutritionnels sur le devant de l’emballage des aliments riches en gras saturés, en sucre et en sodium. Cette approche nous offrira enfin des étiquettes claires et faciles à lire.

Le seuil d’acceptabilité que Santé Canada entend appliquer s’annonce assez simple. Pour les aliments préparés ou les aliments transformés ainsi que les aliments destinés uniquement aux enfants de 1 à 4 ans, le seuil de tolérance s’établit à 15 % VQ (valeurs quotidiennes). Cela signifie que si la portion d’un produit dépasse 15 % de l’apport quotidien maximal en gras saturés, en sucre ou en sodium, une étiquette apparaîtra sur l’emballage pour que le consommateur puisse la voir au premier coup d’œil. Pour les repas et plats préemballés, le seuil s’établit à 30 %.

À première vue, la politique semble logique. Difficile d’argumenter contre plus de clarté, plus de transparence et, par conséquent, une population en meilleure santé. Mais la situation devient bizarre lorsqu’on examine la liste des exemptions. De nombreux produits seront exemptés de cette politique. Par exemple, les produits d’un marché de producteurs, les produits qui ne sont pas vendus directement aux consommateurs, les produits de viande et de poisson crus à ingrédient unique et non transformés, tous les produits laitiers et les œufs. La liste comprend des exemptions techniques, pratiques et liées à la santé, comportant 16 catégories au total.

Étonnamment, certaines viandes comme le bœuf et le porc hachés ne font pas partie de la liste des exemptions. Cela signifie que dans quelques mois, le bœuf et le porc hachés, deux sources de protéines animales non transformées, naturelles et abordables que de nombreux consommateurs mangent très fréquemment porteront une étiquette indiquant qu’ils contiennent trop de gras saturés. Pendant ce temps, les produits laitiers, qui contiennent sans doute autant de gras saturés, profitent de l’exemption.

Le lobby puissant du lait a fourni suffisamment de preuves et de données scientifiques à Santé Canada pour démontrer que les gras saturés présents dans les produits laitiers sont différents et plus sains. Peut-être, mais Santé Canada a certainement des explications à donner, compte tenu de la façon dont il a maltraité les produits laitiers dans sa dernière édition du guide alimentaire publié en 2019. Le manque de cohérence crève les yeux.

De plus, les seuils établis par Santé Canada conviennent pour les produits crus et non cuits. Peu de gens mangeront du bœuf et du porc hachés crus ! Une fois cuits, les niveaux de graisses saturées de ces viandes s’abaissent normalement sous le seuil établi par Santé Canada.

Puis, il y a l’abordabilité des protéines. Alors que les prix au détail des coupes de spécialité du bœuf et du porc ont grimpé en flèche ces derniers temps, le bœuf et le porc hachés restaient relativement abordables. En fait, près de 50 % du bœuf consommé au Canada se mange sous forme de bœuf haché. Pourtant, Santé Canada veut apposer une mise en garde sur ces produits que plus de 90 % des Canadiens consomment, alors que notre taux d’inflation alimentaire avoisine les 10 %.

La discrimination à l’encontre de ces deux produits, malgré les exemptions, répond probablement aux idéologies élitistes encouragées par certains bureaucrates déconnectés. On a souvent l’impression qu’Ottawa veut sauver les consommateurs d’eux-mêmes.

Les industries du bœuf et du porc constituent non seulement un apport important pour notre économie, mais font également partie de nombreuses traditions canadiennes ancrées dans notre ADN culinaire. Alors que nous essayons de comprendre comment mener une vie plus saine, avertir les Canadiens que certains aliments de base non transformés deviennent soudainement dangereux pour leur santé ne fait aucun sens. Les recommandations diététiques, comme la plupart des choses, doivent s’appliquer avec modération.

Le Canada deviendrait l’un des premiers pays au monde à se doter d’une politique sur le devant des emballages ciblant les produits à ingrédient unique. Beaucoup d’autres pays avant le Canada avec ce type d’étiquetage n’ont pas exigé que les produits à ingrédient unique portent de tels avertissements.

Au cœur de la politique se trouve l’intention d’aider les consommateurs à faire des choix plus éclairés et plus sains à l’épicerie, en particulier lorsqu’il s’agit d’aliments transformés. Santé Canada vise délibérément deux aliments de base très importants que les gens consomment depuis des siècles. Une telle démarche n’a aucun sens. Ces produits doivent tout simplement s’ajouter à la liste des exemptions pour cette nouvelle règle d’étiquetage sur le devant de l’emballage.