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le Mercredi 6 avril 2011 0:00 Volume 28 Numéro 15 Le 6 avril 2011

Laurent Souligny tire sa révérence

Laurent Souligny tire sa révérence
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« J’ai toujours considéré les producteurs d’œufs canadiens comme étant une grande famille. Je me disais : une famille, ça se tient et ça travaille ensemble. Je pense avoir réussi à faire travailler les producteurs de toutes les provinces ensemble. »

À 67 ans, le « père » des Producteurs d’œufs du Canada titre sa révérence. Laurent Souligny aura occupé la présidence de l’organisation pendant 11 ans. Le 23 mars dernier, le producteur Peter Clarke, de la Nouvelle-Écosse, a été élu par acclamation pour le remplacer.

Producteur à St-Isidore, dans l’Est ontarien, Laurent Souligny est engagé dans les organisations agricoles depuis 1987. Il a occupé la présence d’Egg Farmers of Ontario. En 2000, il accédait à la présidence de ce qui s’appelait alors l’Office canadien de commercialisation des œufs.

Ce nom donnait l’impression d’une agence gouvernementale et il ne reflétait pas ses membres, se rappelle Laurent Souligny. Parmi ses réalisations, il a piloté le changement de nom pour les Producteurs d’œufs du Canada (POC), dont même l’acronyme a une consonance avicole!

Dès son arrivée à la présidence, notre producteur avicole s’est attaqué à des différents entres les provinces, au sujet des « allocations au-dessus de la base », soit la répartition du nouveau quota rendu disponible pour répondre à la demande d’œufs croissante.

Après avoir réglé un différend avec le Manitoba, ce fut au tour de la Sasktatchewan d’en vouloir plus. Tout s’est arrangé. « Avant, quand venait le temps de distribuer les allocations au-dessus de la base, les discussions pouvaient durer deux ans. Aujourd’hui ça se fait en deux heures! », se réjouit Laurent Souligny.

« Quand j’ai été élu en 2000, la communication entre les producteurs des différentes provinces n’était pas très bonne, raconte-t-il. J’ai mis en place la « réception du président », un événement social pour que les gens se parlent à l’occasion de nos assemblées annuelles. »

Le président sortant est fier d’avoir fait du lobbying auprès du gouvernement « sans quémander. » Son secret : rendre service aux élus en leur expliquant comment fonctionne l’industrie, puis en profiter pour passer quelques messages, comme l’importance d’appuyer la gestion de l’offre.

C’est avec cette tactique que Laurent Souligny a signé sa dernière victoire. En mars dernier, le ministre fédéral de l’Agriculture, Gerry Ritz, a annoncé que le dédommagement maximal par poule pondeuse qui aurait à être abattue sur ordre du gouvernement en cas d’épidémie passera de 8 à 30 $. « C’est le glaçage sur le gâteau! », dit-il.

Laurent Souligny se souvient d’avoir approché le ministre Ritz pour lui dire que les 8 $ par pondeuse en cas d’épidémie ne seraient pas suffisants et de lui avoir fait la démonstration que les programmes existants ne viendraient pas compenser. Il lui avait alors suggéré que le personnel des POC s’assoit avec celui du bureau du ministre, pour trouver la meilleure solution. C’est ce qui fut fait.

Autre réalisation : en 2007, les POC, conjointement avec les Producteurs laitiers du Canada et les Producteurs d’œufs d’incubation du Canada, se sont acheté un immeuble à Ottawa, afin de cesser de payer des loyers. « Au début du projet, il y avait des doutes, mais en bout de ligne, nous économisons beaucoup d’argent », rapporte le président sortant.

L’édifice du 21, rue Florence, se trouve près de la rue Bank, au centre-ville d’Ottawa. Il est facile d’accès en arrivant de l’extérieur et les élus de la Colline parlementaire ne sont jamais loin.

Laurent Souligny n’a qu’un seul regret : ne pas avoir réussi, au cours de sa présidence, à négocier une nouvelle formule pour déterminer les prix que paient les transformateurs pour leurs œufs. La négociation doit avoir lieu tous les ans, alors qu’une formule idéale serait applicable pour quatre ou cinq ans, ce qui apporterait une stabilité à l’industrie.

Aujourd’hui, Laurent Souligny est redevenu simple producteur, même s’il fait encore partie de certains comités. « Je veux prendre une retraite, mais si je reçois des offres intéressantes et que je sens que je peux faire une différence, je vais les considérer », admet-il.

La ferme qu’il exploite avec son fils Jean à St-Isidore héberge quelque 25 000 pondeuses. Ce dernier vient de construire un poulailler pour l’élevage de poulettes, avec deux partenaires. L’avenir de la ferme est entre de bonnes mains.