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le Jeudi 5 août 2004 0:00 Le 5 août 2004

L’OMC accouche d’un « cadre de négociations »

L’OMC accouche d’un « cadre de négociations »
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Après un autre marathon brutal de négociations au siège social de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève en Suisse ? apparemment sans climatisation ni sans service de traiteur, moustiques inclus ? les 147 membres constituant l’organisation réglementant volontairement le commerce entre États, se seraient mis d’accord pour relancer le cycle de négociations de Doha qui s’était enlisé à Cancun en septembre 2003, en s’accordant sur ce qu’ils ont appelé un « cadre de négociations ».

Au terme de cinq jours et nuits de dures négociations, les délégués ont approuvé un compromis présenté par une trentaine de pays. Ces pays se seraient mis d’accord sur l’épineux dossier agricole, qui avait fait achopper la dernière conférence ministérielle de Cancun.

Globalement, on s’est entendu pour établir un calendrier de négociations dont le but ultime sera l’élimination des subventions à l’exportation des surplus agricoles des pays industrialisés ?accusées d’avoir ruiner les paysans des pays en développement.

Le cadre de négociations prévoit aussi la réduction de tous les autres types de subvention que les gouvernements accordent à la production agricole. On s’engage aussi fermement vers la suppression des tarifs douaniers à l’exportation. Évidemment, les membres de l’OMC espèrent raviver l’économie internationale et stimuler celle des pays en développement, en leur permettant d’accéder à terme aux lucratifs marchés internes des pays riches de l’hémisphère Nord.

 » Le début de la fin des subventions agricoles « 

Si les négociations se poursuivent sur leur présente course, le vieux rêve d’éliminer toute forme de subventionnement aux agricultures nationales n’a jamais été aussi près de se réaliser. Pour le ministre brésilien des Affaires étrangères, l’accord marque  » le début de la fin des subventions agricoles « .

Le ministre canadien du Commerce international, Jim Peterson, a estimé que l’accord était une occasion historique de se débarrasser des subventions agricoles et de s’ouvrir au monde, en particulier au monde en développement.

 » Plus de 40% de tous nos produits sont exportés, et le commerce est à la base d’un emploi sur quatre au Canada. C’est pourquoi l’issue fructueuse du cycle de Doha est absolument cruciale pour notre pays « , a-t-il précisé par communiqué.

Du côté des pays riches, les États-Unis, deuxième puissance subventionniste du monde après l’Union européenne, ont dit de l’accord qu’il est  » positif pour nous et pour l’OMC, pour les exportateurs, les consommateurs, les pays développés et les pays en développement « . Du côté de l’Union européenne, le commissaire à l’Agriculture, Franz Fishler, s’est déclaré bien à l’aise avec les modalités de l’accord, indiquant qu’il avait obtenu le feu vert des 25 pays membres de l’UE avant d’accepter le compromis à Genève.

Le Canada continuera de protéger la gestion de l’offre

Le nouveau ministre de l’Agriculture, Andy Mitchell, semblait relativement satisfait de l’accord de principe:  » Le secteur agroalimentaire canadien a besoin d’un terrain d’échange équitable pour relever la concurrence, et ce cadre [de négociations] nous permet de travailler en ce sens.  »

Toutefois, le ministre Mitchell ne semblait pas trop inquiet pour certains aspects du secteur agricole qui sont menacés à plus ou moins long terme par l’abolition des aides d’État:  » Le Canada a obtenu presque tout ce qu’il souhaitait dans ce cadre, et le gouvernement fédéral continuera à promouvoir vigoureusement les intérêts de tous les agriculteurs canadiens « , s’est engagé le ministre.

M. Mitchell poursuit en spécifiant que  » le gouvernement fédéral continuera à défendre la possibilité qu’ont les producteurs de choisir un marché pour leurs produits grâce à des systèmes d’organisation méthodiques des marchés, tels que la gestion de l’Offre et la Commission canadienne du blé (CCB) « .

La prochaine manche d’importance du cycle de négociations devrait se jouer en décembre 2005, soit lors de la prochaine conférence ministérielle à Hong Kong.