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le Mercredi 4 mai 2005 0:00 Le 4 mai 2005

Regarder sa vache comme un livre ouvert!

Regarder sa vache comme un livre ouvert!
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En production laitière biologique, qu’utilise-t-on pour remplacer les hormones, les antibiotiques et les autres produits de synthèse?

À ces questions fréquemment posées, Sonia Gosselin, la conseillère pour le « Club lait bio », également agente conseil bio pour le Programme d’analyse des troupeaux laitiers du Québec (PATLQ), répond qu’elle préfère aborder le sujet autrement. « J’aime mieux dire que ce n’est pas agréable d’avoir des animaux à soigner et que je trouve beaucoup plus stimulant de travailler avec des animaux en santé. Pour que la production biologique devienne facile, poursuit-elle, il faut accepter de se poser la « vraie bonne question ».

Au lieu de s’interroger sur le médicament à employer, il faut plutôt se demander pourquoi ai-je des animaux malades’ Ce n’est pas plus glorieux de soigner avec un médicament naturel, cela indique seulement qu’une vache est malade et donc qu’il y a eu erreur.»

Ce changement d’optique correspond avec le départ dans la bonne direction, considère Mme Gosselin. En général, la durée des traitements est plus longue en production biologique. De ce fait, un producteur peut s’accommoder d’un ou deux sujets en convalescence mais cela deviendrait pour lui un véritable casse-tête si ce nombre augmentait considérablement. Pour cette raison, la prévention est d’autant plus prescrite.

De par ses observations, Mme Gosselin considère qu’environ soixante pour cent des causes des maladies sont reliées à l’alimentation. Vient ensuite la régie de troupeau, le logement, les pathogènes et un très faible pourcentage attribué à la génétique.

Pour établir ses diagnostics, Sonia Gosselin se réfère constamment aux méthodes de travail développées par le Dr Bruno Giboudeau, son mentor, dit-elle. Ce dernier a établi des grilles d’analyses qui répertorient plusieurs points d’observation qui une fois évalués et entrés dans une grille de calcul, permettent d’établir un diagnostic révélant les points faibles sur lesquels il faut apporter des correctifs. Une fois familier avec cette méthode, la routine s’exécute en une vingtaine de minutes, affirme la conseillère.

Invitée lors d’une conférence sur la recherche et la production laitière biologique organisée par le Collège d’Alfred le 5 avril dernier, Sonia Gosselin, a élaboré sur ces méthodes préventives et les points qu’elle juge prioritaires comme la stabilité du rumen et l’importance du rythme du troupeau, soit les heures attribuées pour manger, ruminer et dormir. « Par exemple, dit-elle, cela ne donne rien de corriger une carence alimentaire si le rumen ne fonctionne pas bien. Mais ce n’est là qu’un facteur, précise-t-elle, l’équilibre repose sur un ensemble d’éléments. Il ne s’agit pas d’appliquer une recette mais bien de comprendre les principes de base. Encore une fois, dit-elle, je me rapporte continuellement au livre du Dr Giboudeau, ma bible*. Finalement, il ne faut jamais oublier que les vaches ont toujours raison. »

L’exposé de Mme Gosselin a manifestement intéressé les participants et plusieurs producteurs laitiers tant conventionnels que biologiques ont exprimé le souhait d’avoir la possibilité de recourir à ses services. La distance qui la sépare de l’Est ontarien, dit-elle, ne lui permet pas d’envisager cette offre. Cependant, comme au Québec, les producteurs ontariens pourraient former un groupe et s’engager un conseiller. Elle-même est assignée à l’un de ces groupes ce qui lui permet d’effectuer une douzaine de visites par année sur chacune des fermes et d’offrir en tout temps un service conseil. Quant à ses clients, ils sont très variés dit-elle, tant par la taille des troupeaux qui varie entre 35 à 225 vaches, que par le type d’alimentation et le genre d’installation. Ceux qui désirent en savoir plus peuvent s’adresser au PATLQ et demander à organiser une visite.

*« Les vaches nous parlent d’alimentation » par Bruno Giboudeau dans la collection « l’élevage autrement ». On peut se le procurer en le commandant à Sonia Gosselin en téléphonant au 819.353.2317 ou en écrivant à [email protected]