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le Jeudi 17 octobre 2013 7:00 Volume 31 Numéro 04 Le 11 octobre 2013

Et si on éliminait les néonicotinoïdes ?

Et si on éliminait les néonicotinoïdes ?
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Alors qu’il y a peu de temps, on les utilisait seulement sur les superficies infestées, les semences traitées aux nénicotinoïdes sont devenus chose commune au Canada. C’est ce qui expliquerait, selon l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, les taux de mortalités excessivement élevés chez les abeilles depuis les deux dernières années. Mais peut-on se passer de ces insecticides qui font le malheur des apiculteurs ? L’entomologiste Tracey Baute pense que oui, du moins, en partie.

Plus connus sous les marques commerciales Poncho et Cruiser, on estime que les néonicotinoïdes sont utilisés sur presque 100 % des superficies ensemencées de maïs et 65 % des champs de soya.

Puisque les semences en sont enrobées, le problème avec ces insecticides c’est qu’ils sont dispersés par le vent lors des semences. Or, tous les champs ensemencées avec du maïs et du soya traités ne sont pourtant pas tous infestés ou ne présentent pas tous un risques d’infestation.

« Selon mon expérience, les infestations causées par la plupart des organismes terricoles mentionnés sur les étiquettes ne touchent que de 10 à 20% des superficies ensemencées de maïs et de soya », indique la spécialiste des insectes du ministère de l’Agriculture de l’Ontario (MAAO), Tracey Baute.

Cette dernière pense donc que les agriculteurs devraient se poser plus de questions avant de choisir une semence enrobée d’insecticide.

« Je reconnais que les insecticides utilisés pour enrober les semences ont un côté pratique, mais ils demeurent des insecticides et doivent être utilisés comme doivent l’être des insecticides, indique-t-elle dans le Bulletin Grandes cultures du MAAO. Les producteurs qui ne font pas face à des facteurs de risque élevés n’ont peut-être pas besoin d’utiliser des semences ayant reçu un traitement insecticide. »

Elle estime que ces derniers pourraient envisager d’autres possibilités et que dans ce cas, seul le traitement fongicide est nécessaire. Bien sûr certains producteurs craignent de s’exposer à de trop grands risques maintenant qu’ils sont habitués à utiliser la semence enrobée de fongicide, mais il faut revenir au programme de lutte intégrée.

À son avis, plusieurs autres méthodes de lutte peuvent être utilisées pour éviter à la fois d’être infestés par les ravageurs, mais aussi pour ne pas utiliser de néoniconinoïdes dans ses champs. L’un d’entre eux consiste à installer des distributeurs de granules sur les semoirs de maïs pour épandre du Force 3G dans la raie de semis pour contrer les vers fil-de-fer, les chrysomèles, les mouches des légumineuses et le hanneton européen.

Tracey Baute affirme que les insecticides foliaires appliqués au moment opportun demeurent également très efficaces contre le vers-gris noir, la chrysomèle du haricot, le puceron du soya et l’altise du maïs.

Elle émet toutefois un bémol pour le soya de qualité alimentaire et le maïs de semence. « J’estime que, dans ces cultures, les traitements des semences à base de néonicotinoïdes conservent leur pertinence », écrit-elle.

Pour obtenir plus d’informations sur les superficies et les cultures qui sont les plus à risque d’être infestés par les insectes nuisibles, consultez le Bulletin Grandes cultures du MAAO de septembre : http://www.omafra.gov.on.ca/french/crops/field/news/croptalk/2013/ct-0913.htm

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