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le Mardi 4 novembre 2014 4:00 Volume 32 Numéro 05 Le 24 octobre 2014

Cultiver de nouveaux produits pour les néo-Canadiens et néo-Canadiennes

Cultiver de nouveaux produits pour les néo-Canadiens et néo-Canadiennes
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L’évolution des caractéristiques démographiques au Canada permet de créer de nouvelles possibilités sur le marché pour les agriculteurs qui cherchent à agrandir leurs entreprises.

Les chercheurs du Centre de recherche et d’innovation de Vineland explorent le potentiel du marché des cultures légumières populaires auprès des consommateurs de l’Asie du Sud et les Afro-Antillais, ainsi que la façon de cultiver et commercialiser ces nouveaux légumes en Ontario.

« Le Canada est une terre d’immigrants et à mesure que les changements démographiques évoluent, il en est de même pour les goûts et les marchés. Les gens consomment ce qu’ils connaissent; par conséquent, à mesure que le bassin de consommateurs change, il est tout à fait naturel que la demande pour les produits alimentaires évolue aussi », indique le Dr Michael Brownbridge de Vineland, responsable du projet.

Et la demande est considérable. Une étude menée en 2010 par l’Université de Guelph a démontré que de grands groupes ethniques dans la région du Grand Toronto dépensent plus de 61 millions de dollars mensuellement pour l’achat de produits frais – principalement, l’achat de légumes qui ne sont pas cultivés au Canada. À titre d’exemple, depuis 2008 les ventes du gombo (okra) canadien ont été en hausse de plus de 50 %, dont la grande partie est importée.

Les chercheurs de Vineland ont travaillé avec une variété de cultures probables, notamment l’aubergine asiatique longue, l’aubergine ronde, le gombo (okra), le kaddu indien (citrouille), le piment rouge chinois, le haricot asperge, le calalou (épinard tropical), le melon velu, la maca (plante à racine pivotante), le tomatillo, la boutelle, le radis du Japon (daikon) et la carotte rouge indienne.

Bien qu’il est important de comprendre quelles sont les variétés qui peuvent être cultivées avec succès en Ontario, celles-ci doivent également être tolérantes au froid et aux maladies – ce n’est qu’une pièce du casse-tête lorsqu’il s’agit de développer de nouveaux produits pour le marché.

Il est tout aussi important de connaître les légumes les plus recherchés, la valeur de cette demande, ce que les détaillants veulent et comprendre les besoins du consommateur final : achèteront-ils des produits cultivés en Ontario et à quel prix? Quelle saveur et quelle apparence les légumes devraient-ils avoir?

Après avoir tenu compte de tous ces facteurs auprès des consommateurs, des agriculteurs et des détaillants depuis 2010, l’aubergine asiatique longue, l’aubergine ronde indienne et le gombo (okra) ont été identifiés, jusqu’à maintenant, comme démontrant le plus de potentiel pour la commercialisation.

La balle est dans le camp des agriculteurs

L’intérêt des agriculteurs et des détaillants est élevé et le succès est déjà évident. Des produits frais ethnoculturels « cultivés en Ontario » sont disponibles à travers les rayons des supermarchés du Grand Toronto et plusieurs centaines d’acres de terre sont déjà en production commerciale.

Par exemple, Longo et Loblaw souhaitent accroître le contenu de leurs sections consacrées aux produits ethniques « locaux » dans leurs magasins et encouragent les agriculteurs impliqués dans des essais en champs et qui expédient déjà des produits à leurs centres de distribution, d’y inclure les nouvelles cultures sélectionnées.

« Nous comprenons ce que les consommateurs veulent et nous avons été en mesure de réunir les agriculteurs et les acheteurs pour établir les bons contacts de manière à ce que les agriculteurs puissent vendre ce qu’ils cultivent », explique Brownbridge.

« Il s’agit d’une véritable occasion pour les agriculteurs et nous ne faisons que commencer à approvisionner la région du Grand Toronto. Nous pouvons approvisionner le Canada ou même de grandes populations ethniques dans des villes américaines dont les livraisons peuvent être effectuées par camion.  Dans cinq ans, nous espérons voir plusieurs agriculteurs cultiver ces récoltes et obtenir la pleine valeur de ce qu’ils cultivent », ajoute-t-il.

« Les cultures de ces récoltes peuvent être une proposition très attrayante pour les agriculteurs avec, par exemple, les aubergines longues affichant un rendement net estimé à environ 3 000 $ par acre, classées parmi les meilleures même dans la culture de récolte spécialisée », indique Brownbridge.

À la fin juillet, par le biais de son programme AgriInnovation, Agriculture et Agroalimentaire Canada a annoncé un investissement de 1,1 million de dollars auprès de Vineland pour aider les producteurs à se tailler une place sur le marché en croissance des cultures ethniques. L’investissement dans la recherche sera utilisé dans le but d’accroître la production saisonnière de ces nouveaux légumes et d’évaluer l’utilisation de technologies en serre pour la culture de l’aubergine.