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le Mercredi 5 octobre 2011 0:00 Volume 29 Numéro 04 Le 5 octobre 2011

Michael Schmidt reconnu coupable

Michael Schmidt reconnu coupable
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Michael Schmidt, le producteur laitier qui se bat contre le système judiciaire de l’Ontario pour légaliser la vente de lait non pasteurisé a débuté une grève de la faim le 30 septembre dernier en réponse au verdict qui lui a été rendu deux jours auparavant. Le juge Peter Tetley de la cour de justice de l’Ontario a infirmé la décision et l’a reconnu coupable de 13 des 19 chefs d’accusation qui pesaient contre lui pour avoir opéré une coopérative de lait cru.

 

Dans sa lettre, il explique qu’« en raison des derniers développements sur le plan légal en Colombie-Britannique et en Ontario, j’entreprends à nouveau dès aujourd’hui une grève de la faim afin d’encourager de plus en plus de personnes à mener cette lutte visant à reconnaître votre droit fondamental et votre liberté de choix en ce qui a trait à vos aliments et à votre santé ».

Dans une lettre envoyée aux journalistes, Schmidt soutient que « cette cause ne concerne pas le lait, c’est un tournant au sujet des droits individuels ». Dans sa bataille contre la justice, le producteur laitier a plaidé la liberté de choix individuelle. Il soutient que tous les chefs dont on l’accusait allaient à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés.

 

Il a donc lancé un appel à toute la population canadienne à le joindre dans ce qu’il qualifie de « Food Rights Battle » (lutte pour les droits en alimentation). 

L’homme, qui est aussi avocat, compte lui aussi faire appel pour faire réviser le jugement. « Ce n’est qu’un revers temporaire. Nous continuerons à nous battre devant les tribunaux et à l’Assemblée législative afin que soit reconnu aux individus le droit de décider de quelles substances ils veulent nourrir leur corps », a déclaré M Schmidt.

 

Rappelons que Michael Schmidt se défend contre la justice depuis novembre 2006, alors qu’il avait été arrêté sur sa ferme de West Grey, près de Durham, par une vingtaine de policiers armés du ministère des Ressources naturelles et de la Police provinciale de l’Ontario. Un juge l’avait acquitté en janvier 2010, mais la province avait décidé d’en appeler de la décision, jugeant que le lait pasteurisé constitue un danger pour les consommateurs.

 

Appuis à la légalisation

Un sondage réalisé par Ipsos Reid peu après l’acquittement du producteur laitier en 2010 a révélé que 70 pour cent des répondants ontariens seraient en faveur de la légalisation de la vente et de la commercialisation du lait cru.

 

Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario soutient cependant que la consommation de lait qui n’a pas subi un traitement à la chaleur adéquat pour éliminer toutes les bactéries pathogènes peut représenter un risque grave pour la santé des gens. Parmi celles qui peuvent être présentes dans le lait, on y retrouve entre autres la bactérie E. coli 0157 (la même que celle de Walkerton) et la salmonelle.

Chez les agriculteurs, la pratique est cependant plus répandue. Sur 2185 producteurs laitiers sondés, près de 90 pour cent d’entre eux affirment se servir du lait directement du réservoir à la ferme et le boire.

 

Ceux-ci se déclarent cependant peu ou pas malades du tout après avoir bu du lait cru. Selon Sherry Beadle, spécialiste de sécurité alimentaire à Santé publique d’Ottawa, le peu de cas de contamination chez les agriculteurs pourrait s’expliquer par l’introduction de ce type de lait dans l’alimentation dès un très jeune âge et la fréquence à laquelle ils en consomment.

 

Chez nos voisins du sud, la vente de lait non pasteurisé est légale dans 26 états. Même chose pour la majorité des pays européens, dont certains en vendent même dans des machines distributrices.