NDLR. Voici le quatrième article d’une série de reportages dans le secteur en pleine effervescence de l’agrotourisme. Ces articles font suite à une mission exploratoire de l’agrotourisme au Saguenay-Lac-St-Jean, à laquelle notre collègue Christine Rieux a eu la chance de participer en avril dernier. Chaque reportage est accompagné d’une réflexion personnelle de l’auteure sur des opportunités potentielles en Ontario français rural.
Nous fûmes accueillis au sein d’une ancienne chapelle anglicane qui fut vendue à la ville et qui est maintenant le siège social de l’organisme ?La Véloroute des bleuets’. Cette chapelle fut d’abord utilisée comme salle de théâtre pour une troupe de l’acteur Michel Côté.
Le président et le secrétaire, tous deux bénévoles à temps plein, procédèrent à la description totale de l’administration de la véloroute par le biais de l’organigramme de la corporation.
La Véloroute des bleuets opère maintenant depuis quatre saisons estivales et elle est le fruit d’une vingtaine d’années de concertation entre les municipalités, de contrats, de réseautage et de recherche. Il est difficile pour moi de tout dire sur cet organisme, car je ne saurais où commencer tant ces gens ont su s’organiser.
Premièrement, laissez-moi vous dire que le circuit de la Véloroute des bleuets, un trajet de plus de 250 km, fait le tour du Lac-St-Jean et traverse 15 municipalités ainsi qu’une communauté montagnaise. Celui-ci a coûté 9 millions de dollars à établir et comporte plusieurs types de chaussées (asphaltée désignée, accotement asphalté longeant l’autoroute, piste désignée et graveleuse). Six millions de dollars provenaient de subventions gouvernementales tandis que le reste fut couvert par les municipalités et la corporation de la Véloroute.
Un système de contrats renouvelables à tous les trois ans permet aux exploitations touristiques et aux entreprises membres de la Fédération de tourisme du Québec d’afficher leurs couleurs sur des affiches touristiques de type ?bleu et blanc’ tout au long de la Véloroute et également sur le site Internet.
Le tout est entretenu par la corporation de la Véloroute. « Par contre, il faut faire attention à ce que les panneaux signalétiques ne viennent pas empiéter sur la forêt », met en garde Jean-Claude Lindsay, le président du comité de la Véloroute. Ce système d’affichage a permis de rapporter 45 000$ de revenus totaux à la Véloroute en 2002, dont 15 000$ de profits. « Les profits varieront d’une année à l’autre, tout dépendant de l’entretien nécessaire des pancartes vieillissantes», ajoute-t-il.
Le réseau de la Véloroute comporte des équipes de patrouilleurs/ambassadeurs identifiés et bénévoles munis de téléphones cellulaires et de trousses d’urgence qui sillonnent le circuit pour venir en aide aux cyclistes, un site Internet avec un répertoire géomatique de la piste entière et des points d’intérêt environnants (gîtes, haltes, attraits, etc.), une campagne de financement annuelle nommée ?L’Auto-Vélo?, un autobus à deux étages qui fait la promotion à travers la province, des équipes d’étudiants/stagiaires en technique policière qui s’assurent du bon fonctionnement et plusieurs entreprises connexes privées qui ont connu un essor économique depuis le développement de la Véloroute (transport de bagages autour du Lac, boîtes à lunch préparées, réparation de bicyclettes, etc.).
« Le nombre de gîtes du passant a triplé depuis l’opération de la Véloroute. Il est difficile d’estimer le nombre d’entreprises qui se sont développées depuis ce temps quoique qu’il est facile pour moi de vous indiquer les types d’entreprises qui ont pris de l’envol. Par exemple les vendeurs de bicyclettes ont vu leurs ventes augmenter car les gens qui viennent s’aventurer pour faire le tour du Lac se rendent compte qu’il leur faut parfois de l’équipement un peu plus spécialisé », explique M. Lindsay.
En outre, la corporation emploie cinq employés en permanence: deux personnes pour l’entretien, une personne en communication, une secrétaire, une personne en comptabilité.
Quels sont leurs plans pour l’avenir?
Un des plans prioritaires de la Véloroute des bleuets serait d’impliquer les écoles dans le coup la saison prochaine. L’idée est de faire faire une activité cycliste aux étudiants. Pour chaque 256 km que l’école parcourra (nombre de participants illimité), la corporation émettra un billet qui sera éligible lors d’un tirage pour des bourses de 250$ versées à des activités parascolaires de l’établissement.
« Le but est d’intéresser les jeunes au cyclisme d’abord et ensuite à leur Véloroute. Nous pensons organiser de tels événements la fin de semaine pour inciter les parents à participer également », stipule M. Lindsay. « Si la piste près de l’école est jugée trop dangereuse l’école pourra organiser le circuit sur un autre rang et la corporation offrira les mêmes prix », continue-t-il.
M. Lindsay se dit ouvert à l’idée de rejoindre des pistes cyclables ontariennes et québécoises. Il affirme que ceci ne ferait qu’ajouter de la valeur aux deux.
La piste multifonctionnelle de Prescott-Russell
La Véloroute des bleuets est un modèle complet et précis à suivre lors de la construction de notre véloroute de Prescott-Russell. Ces gens ont fait preuve de leadership mais surtout d’un grand esprit d’équipe afin de voir aboutir une si grande réalisation. M. Lindsay nous a fait remarquer que la Véloroute n’aurait jamais vu le jour sans les innombrables heures généreusement offertes par les nombreux bénévoles.
Tout cela pour dire que les résultats d’une implication portée ailleurs que dans notre domaine peuvent être trompeurs et même sembler inutiles à court terme. Ce n’est qu’à long terme que l’on peut évaluer le véritable poids de notre implication et qu’on se rend compte finalement que tous les domaines dépendent des uns et des autres pour fructifier et s’épanouir dans le but de rejoindre, ensemble, leur optimum.
Venez vous exprimer en discutant de ces propos en ligne sur le Forum des Innovateurs en agroalimentaire à www.lavoieagricole.ca (sous l’onglet ?Forum de discussion’).
*Christine Rieux, d.t.a. coordonne le Réseau de jeunes entrepreneurs en agroalimentaire, une initiative de l’Union des cultivateurs franco-ontariens. Cette tournée de l’agrotourisme au Saguenay-Lac-St-Jean a été rendue possible grâce à la contribution financière de la Chambre économique de l’Ontario et du Secrétariat des affaires intergouvernementales canadiennes du Québec.
Les bureaux de la Véloroute des bleuets sont situés au 1692, avenue du Pont Nord, Alma QC G8B 5G3 Tél.: (418) 668-4541 Téléc.: (418) 668-0849; site Internet: www.veloroute-bleuets.qc.ca; contact: Linda Décoste [email protected].