Les producteurs laitiers du Nord ont appris à vivre sans les revenus habituels que leur procuraient leurs vaches de réforme. La réouverture prochaine de la frontière américaine n’y changera pas grand-chose.
« Nous avons tous fait pareil. Nous avons coupé dans nos dépenses », a témoigné Louis Éthier, un producteur d’Earlton. Plusieurs ont diminué le recours à des employés, rapporte-t-il. Dans son cas, il a sabré dans les travaux à forfait, comme dans l’épandage du fumier, qu’il effectue maintenant lui-même, en louant l’équipement.
La baisse de revenus occasionnée par la crise de la vache folle aura aussi incité les agriculteurs à mieux gérer leur utilisation d’engrais, selon M. Éthier.
La réouverture de la frontière américaine aux bovins vivants canadiens ne fera pas de grande différence sur les fermes laitières puisque l’exportation d’animaux de plus de 30 mois sera toujours interdite, croit-il. Mis à part de meilleurs prix pour les veaux, les producteurs ne doivent pas s’attendre à un revirement de la situation.
Comme ailleurs en Ontario, les abattoirs se font rares dans le Nord. Dans la « petite Claybelt » du Témiskaming, les deux seuls abattoirs, ceux de Belle Vallée et d’Earlton, n’arrivent pas à répondre à la demande. Ces petits établissements à caractère familial n’abattent qu’une journée par semaine et l’attente peut aller jusqu’à trois mois.
Au Temiskaming Livestock Exchange, l’encan de New Liskeard, les vaches de réforme trouvent preneur pour un peu plus de 100$. Les deux dernières qu’a vendues Louis Éthier lui ont rapporté 212$.
Certains producteurs laitiers ont tenté l’expérience de la vente directe au consommateur, mais ce n’est pas le cas de M. Éthier, qui préfère laisser ce débouché aux éleveurs de boeuf, qui ont la vie bien plus dure depuis le début de la crise de la vache folle. « Nous, on a les revenus du lait », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le volume total de quota laitier au Témiskaming aurait diminué pour la première fois depuis plusieurs années. Comme la région ne compte plus qu’environ 70 fermes laitières, cette baisse pourrait être attribuable qu’à seulement une ou deux transactions. La région avait plutôt l’habitude de voir ses parts de quota augmenter à chaque année, plusieurs de ses producteurs étant en mode d’expansion.
Il reste cependant encore beaucoup de fermes laitières de 25 ou 30 vaches au Témiskaming, souligne M. Éthier, qui est le représentant local de l’organisme Dairy Farmers of Ontario. « C’est pas parce que t?es petit que tu fais pas d’argent. On l’a démontré il y a longtemps ».
M. Éthier exploite pour sa part une ferme de 70 têtes. La faiblesse du prix des vaches de réforme lui occasionne un manque à gagner de plus de 10 000$ par année.