Les agriculteurs ontariens se mobilisent. Tout récemment, ils ont bloqué la 401 et le 2 mars prochain, ils envahiront Queen’s Park, c’est-à-dire le parlement provincial au centre-ville de Toronto. Certains diront qu’il est grand temps que quelque chose se passe. Depuis des mois, les éleveurs subissent des pertes énormes en raison de la crise de la vache folle et voilà que maintenant ce sont les producteurs de grains qui y goûtent. À 94$ la tonne pour le maïs alors qu’il en coûte 100$ pour le produire, il faut se trouver un travail hors ferme pour rejoindre les deux bouts; ce que font maintenant la plupart des agriculteurs puisque 73% de leur revenu total provient de sources autres que la ferme.
La frustration des derniers mois fait maintenant place à la panique et à la colère car ce n’est pas un secret pour personne que certains ne trouveront pas de prêteur pour leur avancer l’argent des semences ce printemps.
Les agriculteurs ontariens ont été très patients dans le passé et ils sont reconnus pour leur manque de ferveur syndicale. C’est pour cette raison que leurs chefs de file les ont très rarement invités à monter aux barricades. Mais voilà que cette fois-ci, ce sont les membres à la base qui sentent le besoin de passer spontanément à l’action parce que le vase déborde, parce qu’ils sont au bout du rouleau.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la grogne qui s’empare des rangs des agriculteurs ontariens, à ce moment-ci, n’est pas un mouvement commandé par le haut mais bien le résultat de l’exaspération de nombreux individus qui ont décidé de manifester eux-mêmes leur désarroi et de crier haut et fort ce qu’ils ont à dire.
Nos organisations agricoles font un excellent travail de représentation auprès de nos gouvernements, mais quand ces derniers ne les écoutent plus les membres doivent « sortir » en grand nombre pour rappeler clairement à nos élus qu’il y a des risques politiques, sociaux et économiques à faire fi des représentations de nos chefs, et il ne faut pas se gêner car ce droit à des démonstrations pacifiques et respectueuses des lois est fondamental au Canada.
Nous avons une occasion unique de réussir le plus grand rassemblement politique d’agricultrices et d’agriculteurs en Ontario et il nous faut absolument réussir. Nous devons être des milliers à Queen’s Park le 2 mars. Nos élus de tous les partis politiques doivent se souvenir pendant longtemps qu’il y aura un prix politique à payer si on continue à faire la sourde oreille aux représentants de nos organismes agricoles. Ils doivent aussi comprendre que nous ne lâcherons pas.
En terminant, je fais un appel particulier aux producteurs laitiers et ceux des autres productions contingentées pour qui la crise est peut-être un peu moins aiguë. Je leur demande d’être solidaires de leurs confrères et de se rendre à Queen’s Park.
Merci.
Pierre Bercier, président
Union des cultivateurs franco-ontariens