Notre collaborateur André Dumont s’est rendu en Iowa au début de l’été, y découvrir l’agriculture à l’échelle américaine. Voici la première partie du récit de son voyage.
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Dubuque, Des Moines, Fond du Lac… juste en regardant une carte du Midwest américain, il y a de quoi piquer la curiosité de n’importe quel francophone! Mais justifier le voyage, il me fallait bien un autre prétexte, que j’ai rapidement trouvé : rencontrer des agriculteurs avant-gardistes, dans une région du monde où l’agriculture est synonyme de « big business ».
Destination : l’Iowa. Je me suis envolé depuis Burlington, au Vermont, non sans remarquer la rue Dumont tout près de l’aéroport. Après une escale à Chicago, j’ai repris l’avion pour Milwaukee. Ma voisine pour ce vol avait de la jasette.
Cindy, une infirmière au tour de taille qu’on n’imagine pas pouvoir s’insérer dans un siège d’avion, était de retour de la Nouvelle-Orléans. Sa famille est cajun. Je lui demande si elle connaît Zachary Richard. « Bien sûr ! », me répond-elle seulement après que j’ai repris ma question en prononçant à l’anglaise le nom du chanteur. Elle me nomme quelques groupes cajuns francophones et m’assure que là-bas, ça chante encore en français.
Évidemment, je ne partais pas aux États-Unis en m’imaginant jaser en français avec des descendants des fondateurs de Détroit ou de Lafayette. Mon intérêt concernant les noms de lieux français demeure, mais valait mieux ne pas me faire d’attentes de ce côté-là.
En préparant mon voyage, j’ai téléphoné au bureau de tourisme de l’Iowa, pour demander de l’information sur les noms de lieux ou les sites historiques liés à la présence française. On m’a gentiment répondu n’avoir jamais reçu une telle demande et ça s’est arrêté là.
À Milwaukee, la plus importante université s’appelle Marquette University, une institution catholique fondée par des Jésuites. en 1881. Son nom rend hommage au père Jacques Marquette (1637-75), un missionnaire jésuite à qui on attribue la découverte du Mississippi avec Louis Joliet.
Lors de séjours à Trois-Rivières et à la mission du Sault-Saint-Marie, le père Marquette avait appris une demi-douzaine de langues autochtones. Portant sa robe de jésuite et brandissant un calumet offert par un chef Illinois, il put dialoguer avec les groupes d’indiens rencontrés et ainsi assurer la sécurité de l’expédition.
Direction Dubuque
Le lendemain, j’ai traversé le Wisconsin, « America’s Dairyland », sur toute sa largeur. Le terrain est légèrement accidenté, ponctué de bâtiments de ferme rouges « sang de bœuf » et de silos à flanc de coteau. On voit souvent les vaches laitières à l’extérieur.
J’ai franchi le Mississippi à Dubuque. La vue du fleuve paresseux, ses ponts en acier rouillé et ses bateaux à aube transformés en casinos flottants m’ont causé un petit moment d’émotion. Je pénétrais dans cette autre Amérique, celle d’un fleuve mythique, du grenier d’un continent.
Dubuque fut le premier établissement européen permanent en Iowa, servant de poste de traite à l’époque de la Nouvelle-France. Le Français Nicholas Perrot y aurait exploité une mine de plomb dès 1690. En 1788, Julien Dubuque s’y installait pour profiter de la même ressource, en accord avec les Indiens de l’endroit.
L’endroit a surtout été peuplé par des Irlandais et des Allemands. Ville portuaire et industrielle (Deere and Company y construit encore des équipement lourds), Dubuque est tout de brique rouge et de vielles usines en attente d’une deuxième vie. Au centre-ville, on trouve un funiculaire collé à une falaise, comme à Québec.
Dans le prochain numéro d’Agricom, je vous fais rencontrer Clay Mitchell, un producteur de 37 ans devenu une référence mondiale en agriculture de précision et gestion contrôlée de la compaction (controlled traffic farming).