La production de bio combustible prend de plus en plus d’ampleur en Ontario. Si bien que de nombreux champs sont consacrés à des cultures moins conventionnelles. C’est le cas notamment à New Liskeard, dans un champ situé derrière le centre commercial où la station de recherche de l’Université de Guelph y a établi des parcelles d’essai dont les résultats s’annoncent prometteurs.
La station, dirigée par le chercheur John Rowsell a pour mandat de développer de nouvelles cultures destinées à la production d’éthanol et de granules pour poêle à combustion lente.
Au Témiskaming, les plantes indigènes sont classées C3, c’est-à-dire que leur potentiel à absorber du dioxyde de carbone (CO2) est limité. Or, ce gaz est nécessaire à la formation du sucre qui se transformera en éthanol. Le jour, ces plantes viennent rapidement saturées en CO2 et empêchent toute nouvelle absorption, tandis que la nuit, elles n’en absorbent tout simplement pas. Les pores des feuilles se ferment également à partir de 26o C pour ne pas perdre d’eau et se déshydrater.
La station de recherche de New Liskeard se concentre donc sur des plantes classées C4. Cette classe de plantes, dont font partie les plantes tropicales, regroupe des végétaux dont le mécanisme de photosynthèse fonctionne différemment. Elles peuvent absorber le CO2 la nuit, ne deviennent pas saturées le jour, même à des températures atteignant 35 o C. Leur croissance est donc très rapide, comme celle du maïs, ce qui fait d’elles des plantes très intéressantes pour la production de biomasse vu leur efficacité.
Les essais en champ
La station de recherche de New Liskeard étudie actuellement quatre variétés de plantes en vue de la production de granules ou d’éthanol : le panic érigé (switchgrass), une plante est indigène des Prairies, le barbon de Gérard (Big Bluestem), la spartine pectinée (Prairie Cordgrass) et le miscanthus, une plante tropicale.
Les essais se sont révélés prometteurs pour l’une d’entre elles : la miscanthus. Cette plante annuelle fait l’objet d’études partout dans le monde. D’ailleurs, sa culture suscite beaucoup d’intérêt en Ontario puisque sa hauteur n’atteint pas les 6 pieds, mais sa densité est supérieure à ce qu’on a observé ailleurs.
« Plusieurs autres stations participent à ces recherches en Ontario, raconte John Rowsell. À New Liskeard, nous nous concentrons sur la production de ces plantes et sur l’utilisation des engrais. Ailleurs, par exemple, c’est le contrôle de mauvaises herbes qui est étudié. »
La miscanthus
Sa graine étant stérile, cette plante se reproduit par rhizome. Il faut donc transplanter manuellement des rhizomes tous les 40 cm, ce qui n’est pas une mince tâche.
Bien que l’on considère ce végétal comme étant prometteur, les essais n’ont pas tous été concluants.
L’année 2009 n’a effectivement pas été un grand succès. Les chercheurs en sont venus à la conclusion qu’il aurait fallu planter les rhizomes plus tôt et plus profondément pour que la racine puisse puiser son eau plus creux.
Quant à 2010, les rhizomes plantés à partir de racines brisées ne se sont pas bien établis. La tentative de démarrage dans des godets a eu un taux de réussite de 80%, mais les coûts d’établissements se sont avérés beaucoup trop élevés, donc peu rentable.
En 2011, la production a été plus que satisfaisante.
La récolte du cultivar est aussi un élément de l’étude qui suscite beaucoup d’interrogations. Récoltée à l’automne, la miscanthus est mélangée à davantage de mauvaises herbes, mais sa tige a une capacité de production de biomasse supérieure. Cependant son contenu plus élevé en humidité résulte en un encrassement des cuves à fermentation utilisées dans le processus de fabrication de l’éthanol.
Ce haut taux d’humidité n’est d’ailleurs pas particulièrement favorable pour la fabrication de granules pour les poêles à combustion lente. Elle laisse 7% de cendre, comparativement à 3% pour les granules plus couramment utilisées. C’est donc trop élevé. De plus, il est plus difficile de fabriquer une granule qui ne s’égraine pas parce qu’elle contient trop d’humidité.
Récoltée après l’hiver, la miscanthus a perdu ses feuilles. La tige est donc récoltée plus facilement. Le seul inconvénient : son contenu en carbone est moindre, ce qui donnera au final une quantité d’éthanol produite en légère baisse.
« Présentement, la biomasse agricole coûte encore beaucoup plus cher que la biomasse forestière, mais le potentiel est là », confie M. Rowsell.