Mises à jour, fichiers shp.-dbf.-prj.-chx., compatibilité du format, applications mobiles, Cloud, GIS, Google… On croirait entendre le vocabulaire d’un informaticien. Mais de plus en plus, c’est le vocabulaire d’un agronome en grandes cultures.
En entendant mes collègues plus âgés discuter du « bon vieux temps », je réalise à quel point une grande partie de leur temps consistait en la collecte d’information. La feuille de papier pour noter le rendement et l’humidité de nouveaux hybrides de maïs s’est vue remplacée par un fichier Excel sur iPad. Puis, aujourd’hui, le tout est enregistré automatiquement dans les ordinateurs puissants des nouvelles batteuses. Plutôt que de se promener avec une remorque balance et un formulaire, faire arrêter le producteur après chaque passe au champ pour peser, la batteuse envoie l’information au nuage informatique (cloud ) et le tout est visible à distance instantanément. Les essais peuvent être faits sur la totalité d’un champ ou même de l’acrage du producteur, rendant plus précis les informations et le choix d’hybrides par exploitation.
Ça fait longtemps qu’on parle d’agriculture de précision. J’ai en ma possession des cartes d’analyse de sol quadrillées qui datent des années 90. Les producteurs voyaient déjà le potentiel de cette technique et certains en ont fait l’essai. Le problème, tel que je le comprends, était qu’il n’y avait tout simplement pas de manière de mettre en application les correctifs nécessaires qui en étaient issus. Le montant d’informations qu’on devait traiter était immense, mais ce n’était rien comparativement à ce que l’on voit aujourd’hui. Même si on peut maintenant appliquer les semences et l’engrais à taux variables, le fait d’avoir multiplié la quantité d’informations captées par les équipements à la ferme complique davantage l’analyse de ces données.
Il existe en ce moment une course folle à la solution informatique complète pour le producteur de grandes cultures. Lors de ma visite au Commodity Classic à Anaheim en Californie, j’ai constaté qu’il y avait de moins en moins de commerçants de produits et de plus en plus de fournisseurs de logiciels. Chacun tentait de démontrer que son programme informatique offre la meilleure solution pour la collecte de données, pouvant comptabiliser les dépenses, les récoltes, les quantités de produits appliquées et mettre en ordre les cartes « telles qu’appliquées » des équipements. En réalité, il n’existe pas de plateforme parfaite. Elles sont toutes dans leur phase de développement. Chaque fournisseur a sa propre idée de ce qu’il doit faire pour faire plaisir aux producteurs.
La vérité est qu’il y a tout simplement trop de data et de possibilités pour qu’une compagnie puisse se démarquer à ce stade-ci du boom technologique en agriculture. J’ai moi-même sept logiciels pour gérer l’information nécessaire pour analyser toute l’information que je dois traiter. Mais en m’impliquant avec les compagnies qui les offrent, je peux offrir mes opinions et mes idées face à leurs services et aider à leur développement.
Pour un producteur, il n’y a pas de meilleur moment pour commencer à s’impliquer. On croit souvent que la technologie nous dépasse, mais si nous ne la suivons pas, il devient encore plus difficile de se rattraper. Le point commun de tous les producteurs qui ont commencé à numériser leurs opérations, est leur regret de ne pas avoir conservé et archivé leur data du passé. Croyant ne jamais avoir besoin de l’information que captaient leurs machines, ils se voient privés aujourd’hui d’une banque de données pouvant servir d’historique agronomique de leur ferme. Un petit conseil : conservez vos clés USB. Vous et votre informaticien en aurez besoin plus tard!