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Dyane Adam rencontre les agriculteurs francophones

Dyane Adam rencontre les agriculteurs francophones
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Les quelque cent délégués présents à l’Assemblée générale annuelle de l’Union des cultivateurs franco-ontariens ont eu la chance d’en connaître davantage sur la Loi sur les langues officielles. En effet, la Commissaire aux langues officielles du Canada, Mme Dyane Adam, était la conférencière invitée, le 28 mars dernier. Celle-ci y est allé d’une allocution touchant le «Développement rural et le développement linguistique».

D’entrée de jeu, la Commissaire aux langues officielles, qui est née à Casselman, souligne avoir toujours eu un préjugé favorable à l’égard des préoccupations des exploitants agricoles francoontariens. «En plus d’être des entrepreneurs ayant un impact direct dans nos vie et dans notre économie, vous êtes des modèles de réussite et de détermination pour toute la francophonie canadienne», de dire Mme Adam.

Selon Dyane Adam, les agricultrices et agriculteurs d’aujourd’hui ont su préserver héritage de leur langue et de leur culture française, «même si les modes de production agricole ont considérablement changé avec l’évolution des nouvelles technologies», lance-t-elle avant d’ajouter que face à ces nouvelles technologies, «le producteur agricole subit aujourd’hui des pressions aussi considérables que celles que connaissent de nombreux chefs d’entreprises de grande taille», avoue Dyane Adam.

Mme Adam indique aussi qu’à travers ces bouleversements, les producteurs agricoles ont notamment eu à conjuguer avec: le clonage animal; le développement de produits transgéniques et la concurrence des marchés extérieurs; la menace de la «maladie de la vache folle» et la fièvre aphteuse; les exigences touchant l’assainissement de l’environnement; les attentes relatives au développement durable; les contraintes des offices de mise en marché; des réglementations qui ne font que se multiplier; l’augmentation du coût du carburant; l’intensification de la concurrence; la réduction des transferts fédéraux, «et j’en passe», de s’exclamer la Commissaire aux langues officielles. La Loi sur les langues officielles, c’est quoi?

Au cours de son allocution, Dyane Adam a voulu faire un retour sur la Loi sur les langues officielles (LLO) et sur son rôle, en tant que commissaire. «La Loi sur les langues officielles existe depuis 30 ans pour défendre et promouvoir la dualité linguistique du Canada. Mais cette dualité n’est pas une abstraction. En clair, le français et l’anglais sont un trait fondamental de l’identité canadienne et de la vision que nous avons de notre pays», présente Mme Adam.

Cette dernière évalue son rôle comme celui d’aviser, de recommander, de faire la promotion et de faire de la recherche. «Mon rôle est de veiller à ce qu’en respectant la LLO, on en arrive comme société à vivre pleinement les principes et les valeurs de respect, d’équité et de justice sociale qui sont au c’ur de la dualité linguistique canadienne. Mon travail consiste bien sûr à faire respecter la Loi par les institutions fédérales. Mais en tant qu’agente de changement, je veux aussi que l’on se préoccupe de l’esprit de la Loi, pas seulement de sa lettre», indique celle qui est en poste depuis presque deux ans en précisant que ce qu’il y avait d’important, avant tout, «c’est ce qu’il y a derrière la loi, soit que le projet de dualité linguistique se réalise», ajoute-t-elle.

Mme Adam explique que dans la Loi, il y a deux parties clés, soit la Partie IV qui porte sur les services et les communications avec le public et la Partie VII, qui traite de la promotion du français et de l’anglais dans la société canadienne, et notamment du développement des communautés minoritaires de langue officielle du Canada.

D’un même souffle, Dyane Adam déplore, selon les vérifications menées en Ontario, que dans les bureaux fédéraux désignés bilingues, les services ne sont pas offerts activement en français de façon régulière. «Ce bilinguisme escamotable est tout simplement inacceptable. À titre de Commissaire aux langues officielles du Canada, j’entends bien m’assurer que des mesures énergiques soient prises pour corriger la situation un fois pour toute», s’exclame Mme Adam.

La Partie VII de la Loi

Puisque la Partie VII de la Loi développe et élargit le concept contenu dans l’alinéa 3 de l’article 16 de la Charte, à savoir «le pouvoir du Parlement et des législatures de favoriser la progression vers l’égalité de statut ou d’usage du français et de l’anglais», celle-ci engage donc chacun des ministères, organismes et sociétés d’État fédéraux à favoriser l’épanouissement et à appuyer le développement des minorités de langue officielle au Canada. Dyane Adam entend donc «procurer aux communautés de langue officielle un accès équitable aux programmes fédéraux pour que ces communautés en retirent des avantages comparables à ceux que retirent la majorité», explique Mme Adam.

Selon cette dernière, tout Franco-ontariens a le droit d’être servi en français et a le droit d’obtenir des programmes en français.

«Je sais qu’à titre d’exploitants agricoles oeuvrant dans un marché de plus en plus compétitif, vous êtes aux prises tous les jours avec de nombreuses difficultés. Les exigences se multiplient sans cesse et semblent parfois contradictoires. Par moment, cela a de quoi décourager les plus optimistes. Ne vous laissez pas abattre car votre travail a une valeur inestimable pour vos communautés et pour l’ensemble de la société», fait remarquer la Commissaire aux langues officielles.

Mme Adam indique aussi que comme francophones, les Franco-ontariens n’ont pas seulement que des droits. «Vous avez également des responsabilités qui sont bien importantes comme celle de développer le réflexe du français lorsque vous faites affaires avec les gouvernements fédéral et provincial. Les services sont disponibles dans votre langue, exigezles», mentionne Dyane Adam.

Cette dernière avoue qu’il est parfois plus facile de remplir la documentation en anglais, surtout lorsqu’il est question de langage technique. Mme Adam suggère donc de commander une copie en anglais et une en français au lieu de ne demander que celle anglaise. Cette dernière conclut en disant qu’en tant qu’agriculteur, «il ne faut pas seulement cultiver votre terre mais aussi cultiver votre langue !»