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le Vendredi 15 novembre 2013 5:00 Volume 31 Numéro 06 Le 8 novembre 2013

La synchronisation des chaleurs

La synchronisation des chaleurs
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D’abord considéré comme une idée saugrenue, c’est pourtant à la Station de recherche de New Liskeard que les chercheurs ontariens ont développé un protocole pour écourter la période de vêlage des bovins. La technique du Système de reproduction contrôlé (Controlled Breeding Systems) est maintenant utilisée mondialement et permet plus de latitude aux plus petits producteurs bovins.

Pour les éleveurs de bovins, identifier les vaches en chaleur exige beaucoup de temps, la période de reproduction des animaux au pâturage étant de 60 à 90 jours. De plus, la période de vêlage de mars à juin est très longue, ce qui exige une surveillance continue des vaches et de leurs rejetons. Cela entraîne également un autre problème : au moment de la vente, le poids des veaux peut varier considérablement. Ce sont ces situations auxquelles le système de reproduction contrôlé peut apporter une réponse.

Le principe est simple, il s’agit de manipuler le cycle des vaches pour synchroniser leurs chaleurs, un protocole en quatre étapes. Le premier jour, on introduit d’abord un CIDR (Controled internal Drug Release), un dispositif intravaginal qui se déploie en forme de « T » et laisse écouler des hormones.  À ce moment-là, il y a également injection d’œstradiol, une hormone sexuelle. Puis, il est indiqué de retirer le CIDR le 7e jour et d’injecter de la prostaglandine. Le 8e jour, il est nécessaire de donner une nouvelle dose d’œstradiol, puis, au 9e jour, d’inséminer les vaches entre 52 et 54 heures après le retrait du CIDR.

Une idée originaire de Nouvelle-Zélande

L’idée d’un tel protocole est parvenue ici après la visite d’un chercheur en Nouvelle-Zélande, là où la douceur du climat permet aux vaches laitières de demeurer au pâturage à longueur d’année. Cette technique de synchronisation des chaleurs et des vêlages est a été développée dans ce pays dans les années 80.

L’utilisation d’un taureau en liberté ne donnant qu’un taux de reproduction de 60 %, l’idée d’intervenir dans le cycle des vaches et d’inséminer les vaches s’est révélée être la solution parfaite au problème des éleveurs bovins.

C’est le chercheur Tom Hamilton de la Station de recherche de New Liskeard qui a été le premier à entreprendre la recherche ici, au Canada. Des spécialistes de Guelph l’avaient pourtant prévenu qu’il n’obtiendrait tout au plus qu’un taux de succès de 40 %. « J’étais jeune, naïf et je n’avais pas de réputation à défendre », raconte-t-il aujourd’hui, le sourire aux lèvres.

Or, dès ses premiers essais, il a réussi à obtenir un taux de succès d’insémination de 80 à 90 % — il faut cependant mentionner que le taux moyen pour les éleveurs est évalué à 70 %.

Avantages non négligeables

En somme, pour le producteur, le temps est plus court à l’étape du cycle de reproduction de son troupeau et de la mise bas (de 7 à 10 jours), ce qui amène à obtenir une meilleure uniformité dans le poids des veaux à la vente.

« Pour les petits producteurs qui ont un emploi à plein temps, c’est maintenant possible de planifier des vacances au vêlage, » affirme Barry Potter, spécialiste en production bovine pour le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Ontario.

Un autre avantage non négligeable est que les éleveurs ont maintenant accès à des semences de taureaux de qualités qu’ils ne pourraient pas se permettre autrement. Quant aux génisses, elles n’ont pas à subir l’énorme poids du taureau sur leur dos.

Chez les détracteurs, on décrie la manipulation des vaches et l’utilisation d’hormones de synthèse. À cela ils se feront dire que ce ne sont pas les vaches qui vont à l’abattoir, mais les veaux.

Il est à noter que cette recherche a été menée en partenariat avec Les éleveurs de bovins de l’Ontario et que les recettes de ventes d’animaux sont toutes versées au fonds de recherche sur le bovin à la Station de recherche de New Liskeard.

Ndlr : M. Potter et M. Hamilton sont des employés du MAAO et du MAO.