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le Mercredi 16 novembre 2011 0:00 Volume 29 Numéro 07 Le 16 novembre 2011

Le prix du lait irrite

Le prix du lait irrite
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La publication d’un sondage réalisé en août dernier pour le compte de l’Association canadienne des restaurateurs et des services alimentaires (ACRSA) a fait bondir les Producteurs laitiers du Canada(PLC). Les résultats de l’enquête menée auprès des consommateurs canadiens révèlent que plus de la moitié d’entre eux (58%) serait en faveur d’une réduction du prix du lait, des fromages et des autres produits laitiers, une allégation qui ne plait pas du tout aux producteurs.

Les PLC dénoncent notamment le manque de transparence lors du dévoilement des résultats du sondage effectué. «Si on me demandait si je suis d’accord pour payer moins cher tel ou tel produit, je répondrais probablement oui», soutien Thérèse Beaulieu, directrice adjointe aux communications des PLC, qui aurait espéré que l’ACRSA dévoile également les questions posées aux répondants.

Les PLC trouvent également que l’ACRSA exagère les coûts du lait canadien. Selon Madame Beaulieu, le producteur laitier ne reçoit que 21 cents lorsqu’un client achète un verre de lait vendu à 2 dollars en restaurant et seulement 69 cents pour le fromage garnissant une pizza dont le prix affiché est de 18,50 dollars.

Selon eux, si l’on réduisait ce que gagnent les producteurs pour leur lait, il y aurait peu d’impact, voir aucun, sur ce que les consommateurs payent sur les produits laitiers au restaurant. Selon les PLC, la moyenne des restaurateurs vendent un verre de lait au coût de 2,25 dollars. « Mais dans les hôtels, ça peut aller jusqu’à 4 ou 5 dollars. On voit que ça peut devenir ridicule la marge qu’ils se prennent, mais ce sont eux qui décident en bout de ligne le prix qu’ils chargeront pour leur produit», raconte Madame Beaulieu.

De son côté, l’ACRSA se défend en spécifiant que les restaurateurs ne font en moyenne qu’une marge de profit de 4,5% sur les produits laitiers vendus dans leurs établissements.

Selon le vice-président de la main-d’œuvre et de l’approvisionnement de l’ACRSA, Justin Taylor, l’étude avait pour objectif de susciter un débat national sur le prix de cette denrée alimentaire, sans nécessairement blâmer les producteurs laitiers.

« Nous pensons qu’il est très important d’avoir des fermiers au Canada qui produisent les aliments et nous voulons aussi nous assurer que le système encourage la production d’aliments. Mais on pense que le système actuel fait en sorte que les coûts augmentent plus rapidement qu’ils ne le devraient. » Selon eux, il est grand temps que les gouvernements révisent leur politique de fixation du prix vieille d’une quarantaine d’années.

Par exemple, l’ACRSA soutient que 4 litres coûtent en moyenne 5,92 dollars au Canada, alors que nos voisins du Sud et ceux de la Grande Bretagne ne paient respectivement que 3,38 et 3,57 dollars pour la même quantité.

Début de la campagne
L’organisme a également lancé un nouveau site Web FreeYourMilk.ca sur lequel les consommateurs peuvent signer une pétition pour demander au gouvernement d’agir dans le dossier du prix de cet aliment de base dans l’alimentation des Canadiens.

Actuellement, le prix du lait est déterminé par la façon dont il sera utilisé. Par exemple, les usines de préparation de pizzas congelées détiennent des permis spéciaux du gouvernement de façon à leur permettre d’obtenir du fromage à moindre coût que les pizzerias. Cette différence est remarquable selon Justin Taylor qui indique que les restaurateurs doivent payer leur fromage 30% plus cher que ces usines.

L’ACRSA promet d’autres actions dans les prochains mois pour faire avancer le dossier. Elle participera d’ailleurs à la consultation annuelle sur le prix du lait de la Commission canadienne du lait, qui se tiendra à Ottawa le 22 novembre prochain.