Depuis les années 1970 jusqu’en 2020, il est vrai que la demande d’aliments biologiques n’a cessé de croître d’année en année. Malgré un prix de détail plus élevé que leur équivalent non-bio, l’engouement pour les aliments sans pesticides ni engrais chimiques a touché, dans des proportions égales, les familles ayant un revenu annuel moyen de 40 000 dollars et moins et celles gagnant plus de 100 000 dollars par an.
« À la sortie de la pandémie, l’explosion des prix à la consommation semble avoir poussé les familles aux revenus les plus faibles à délaisser les aliments biologiques frais au profit de produits biologiques surgelés ou en conserve ayant une durée de conservation plus longue », indique la directrice générale de L’Association pour le commerce biologique du Canada, Tia Loftsgard.
Le Canada doit prendre…acte
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Canada ne dispose pas de loi encadrant la filière biologique. Nous avons des réglementations sur les produits biologiques dans le Règlement sur la salubrité des aliments au Canada (partie 13), mais nous n’avons pas de loi sur les produits biologiques, contrairement à tous les partenaires commerciaux du Canada. Mme Loftsgard fait campagne pour que le gouvernement fédéral apporte ce changement.
« Une telle politique établirait des lignes directrices claires pour les agriculteurs et les fabricants, notamment en termes d’importations et d’exportations. La pandémie nous a prouvé que nous ne sommes pas une nation autosuffisante et qu’un événement ou un autre peut nuire à notre capacité à nourrir les Canadiens sans rupture de stock », a-t-elle déclaré.
C’est également pourquoi l’industrie étudie actuellement comment passer de la réglementation à la toute première loi nationale sur les produits biologiques au Canada. « Une récente étude américaine prédit que le marché du bio triplera d’ici 10 ans, et on peut penser que le Canada suivra cet exemple. Il faut être prêts », dit la directrice générale.
Le bio, l’enfant pauvre
Directeur principal du Laboratoire des sciences analytiques agroalimentaires de l’Université Dalhousie, le Dr Sylvain Charlebois fait écho aux commentaires de l’Association: « J’ai toujours trouvé discriminatoire de ne pas avoir de politique biologique nationale. La politique agricole canadienne veut se stabiliser à partir du centre, comme si tout le monde produisait la même chose, mais ce n’est évidemment pas le cas. »
Selon lui, l’industrie biologique a cependant bénéficié de la baisse des coûts des intrants, car elle n’utilise ni engrais ni pesticides. « Si la marge de différence de prix en magasin entre bio et non-bio était, disons, de 20% avant la pandémie, nous pensons qu’elle est désormais plutôt de l’ordre de 10 à 12%. Nous voulons comprendre l’impact de l’inflation sur la marge de différence », dit-il.
Septembre, Mois du bio
Puisque septembre est le Mois du bio, qui célèbre tout ce qui est biologique, de la production au consommateur biologique, cela peut être une excellente occasion de ramener les familles à faible revenu à un régime sans engrais ni pesticides. Plusieurs ateliers, projections et conférences sont au calendrier qui peut être consulté sur Choosecanadaorganic.ca/fr/. (Tous les événements se déroulent en anglais)
IJL – Réseau.Presse – Agricom