
Sandrine Demers, Agente de communication pour Agricultrices du Québec
Culturellement et historiquement, l’homme a toujours été celui qui travaillait sur la terre. Bien que la femme ait été présente dans les champs, l’agriculture a longtemps été considérée comme un métier d’homme. « À l’époque, les hommes étaient ceux qui construisaient les instances politiques autour de l’agriculture », explique Sandrine Demers, agente de communication pour l’organisation des Agricultrices du Québec à Longueuil. « C’est donc eux qui représentaient ce domaine. Les femmes étaient sous-représentées en agriculture, bien qu’elles étaient très présentes dans les champs […] »
Cette vieille mentalité, bien qu’elle ait évolué, a amené son lot de stéréotypes. « Les hommes sont toujours surpris de voir des femmes à la tête de grandes entreprises agricoles […] plusieurs ne se sont pas prises au sérieux », poursuit Sandrine Demers. « Ces exemples arrivent au quotidien et ça montre l’importance d’en parler. »
À la Maison Verte à Hearst, une ville du nord de l’Ontario, Mireille Morrissette, gestionnaire et agricultrice est très passionnée et fière de faire partie d’une entreprise agricole constituée de femme. « Je suis d’accord pour dire que les femmes sont sous-représentées en agriculture », affirme-t-elle. « Je crois que c’est une situation que l’on peut voir au Canada et ailleurs. Pour ma part, je suis vraiment dans mon petit monde, ici à Hearst, où la Maison Verte est connue comme étant une entreprise de femme qui promeut l’agriculture dans le nord de l’Ontario. […] Nous ne sommes pas sous-représentées ici, heureusement, mais je peux croire que les femmes comme dans plusieurs métiers le sont. »
Des entreprises comme la Maison Verte montrent que les mentalités changent et que ces changements se font aussi au sein des familles. « Les pères pensent de plus en plus à leurs filles », raconte Sandrine Demers. « Avant, les fermes étaient léguées aux fils. Maintenant, il est possible de voir, de plus en plus, les fermes changer de nom afin d’y voir apparaître et Filles au lieu de et Fils. »
Avec de plus en plus de collèges et d’écoles qui offrent des cours en agriculture, les femmes montrent un intérêt particulier pour ce domaine puisqu’elles s’inscrivent en grand nombre. « C’est un phénomène que l’on voit beaucoup », continue Sandrine Demers. « Actuellement, 44% des femmes décident de faire carrière en agriculture comparativement à 32 % des hommes. Je crois que les femmes amènent beaucoup d’innovations. Elles ont un point de vue différent des hommes surtout au niveau climatique où elles amènent beaucoup d’idées et de changements. Elles sont aussi très proches de la terre et amènent une belle vision concernant la conciliation travail-famille. »
Selon Mireille Morrissette, les femmes ont un attachement sentimental à la terre et c’est pourquoi elles sont très impliquées et passionnées dans ce qu’elles entreprennent. « Je suis toujours impressionnée de les voir travailler avec autant de cœur au ventre », précise-t-elle.
Bien que les préjugés continuent à exister envers les agricultrices, les changements de mentalité quant à eux, se font de plus en plus présents. Passionnées, impliquées, innovatrices et amoureuses de la nature, les femmes sont la preuve que l’agriculture n’est pas seulement qu’un métier d’homme.
IJL – Réseau.Presse – Agricom