Ceux qui pensaient qu’à la suite de la dernière manifestation à Ottawa, le 14 mars dernier, que les agriculteurs étaient retournés chez eux et attendaient paisiblement une nouvelle annonce du gouvernement, détrompez vous, cela est loin d’être le cas. « Je ne vous apprends rien en vous disant que l’agriculture canadienne et ontarienne est en pleine crise », de s’exclamer le 1er vice président de l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), Pierre Bercier, lors de sa présentation qui a eu lieu à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’UCFO, tenue à Windsor le 28 mars dernier.
« Nous n’avons pas de relève et nous n’avons pas de main d’oeuvre. La seule chose que nous avons est un problème de financement. En 1999, le revenu net d’une ferme ontarienne était de 5000 $ alors qu’au Québec, toute production confondue, ce revenu se chiffrait à 20 000 $ », présente M. Bercier. « L’Ontario est la deuxième province pour ce qui a trait à la production de grains après la Saskatchewan. Donc, lorsque les prix sont à la baisse, comme c’est le cas présentement, nous sommes la deuxième province la plus affectée », d’ajouter le producteur de St Isidore. C’est justement pour contrer ce malaise du monde agricole qu’un groupe de 17 producteurs a créé le mouvement Solidarité. « Nous nous rencontrons régulièrement dans un petit local afin de développer notre stratégie », d’expliquer aux membres de l’UCFO, Pierre Bercier.
Ce dernier est catégorique: « Lorsque quelqu’un vient à nos rencontres, il laisse, en entrant, son chapeau de représentante de tel ou tel organisme. Il assiste et participe à la rencontre à titre d’individu, à titre d’agricultrice ou d’agriculteur », souligne M. Bercier.
La première stratégie du mouvement Solidarité est de faire circuler une pétition auprès des agriculteurs. Cette pétition permettra de démontrer au gouvernement que les agriculteurs sont solidaires entre eux. « La demande du mouvement Solidarité n’a pas changé. Nous voulons une aide de la part de nos deux gouvernements de l’ordre de 1,5 milliard de dollars. Tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas atteint cet objectif, nous ne serons pas contents », fait remarquer Pierre Bercier.
À noter que le mouvement Solidarité s’apprête aussi à rencontrer les députés pour les sensibiliser. « Certains ne demandent pas mieux que d’être bien informés », avance M. Bercier.
Il est également question de mettre sur pied un dialogue agricole pour bien informer les consommateurs. Selon Anne Thibodeau, productrice de Earlton, il est important de changer l’image négative qu’ont les consommateurs envers le secteur agricole. « Il faut sensibiliser les consommateurs d’un autre point de vue. Dernièrement, tout ce qui ressort de l’agriculture est toujours vu des mauvais côtés, que ce soit le prix de la viande, la vache folle, l’eau contaminée à Walkerton ou encore, pour nous dans le nord, le dossier de la mine Adams qui a été perçu comme les agriculteurs qui nuisent au développement économique de la région. Il faut changer cela », déclare Mme Thibodeau. En réponse à cela, Pierre Bercier croit que c’est au niveau anglophone que le travail doit être fait. « Pour ce qui est de nos médias francophones, que ce soit notre journal (Agricom), Radio Canada ou encore TFO, ceux ci sont bien sensibilisés et ont bien informé la population. C’est au niveau anglophone que le message passe plus difficilement », mentionne M. Bercier.
Selon le président de l’UCFO, Alain Delorme, il est à espérer que le mouvement Solidarité sera la solution. « Ce groupe d’agriculteurs a fait du bon travail mais tant que l’Ontario n’aura pas une voix forte comme au Québec, ça va être plus difficile d’obtenir ce que nous voulons », lance-t-il.