Des abattoirs utilisant des procédures jugées risquées pour la santé humaine, absence de tests adéquats pour détecter des contaminations possibles dans la viande commercialisée par ces derniers, du lait de chèvres dépassant systématiquement les normes quant au comptage bactérien, des fruits et légumes contenant des résidus de pesticides jamais signalés aux producteurs, et surtout le manque de ressources criant au niveau de l’inspection alimentaire du ministère de l’Agriculture, telles sont quelques unes des lacunes observées par le vérificateur provincial de l’Ontario, dans son dernier rapport qu’il vient tout juste de déposer au parlement ontarien.
Le vérificateur provincial de l’Ontario, M. Erik Peters, a pour mission de vérifier la livraison des programmes du gouvernement de l’Ontario. Comme il ne peut pas tous les vérifier la même année, «vu l’ampleur et la complexité des activités et de l’administration du gouvernement», il doit faire un choix selon des critères qui incluent «la sensibilité et la sécurité du public».
C’est dans cette optique qu’il a décidé de vérifier le Programme de l’industrie alimentaire du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO), surtout que l’hiver dernier, il a été fait état d’un certain laxisme au niveau de l’inspection des abattoirs sous inspection provinciale. Un article du Toronto Star avait alors révélé qu’il y avait en Ontario des abattoirs qui ne faisaient l’objet d’aucune surveillance et que ceux-ci distribuaient leurs produits sur le marché de l’alimentation.
Lacunes au niveau des abattoirs ontariens
Dans son rapport 2001 qui vient d’être déposé à l’Assemblée législative, le vérificateur Peters relève quelques situations qui peuvent mettre en cause la santé et la sécurité des Ontariens. Ces situations dureraient depuis un certain temps et le ministère responsable semblerait tarder à les régler.
Entre autres, le vérificateur a noté des lacunes inquiétantes sur le plan de la salubrité des aliments livrés par des abattoirs sous juridiction ontarienne. Des lacunes jugées «critiques» et qui pourraient «présenter des risques pour la santé humaine», comprennent des surfaces non hygiéniques qui entrent en contact avec les aliments, de l’équipement rouillé et le transport de la viande dans des véhicules non-réfrigérés.
Ces lacunes ont été signalées durant la vérification annuelle que les abattoirs doivent subir pour renouveler leur permis. En fait, le vérificateur note que ces lacunes n’ont pas été corrigées en temps opportun, car «près du tiers des lacunes notées ont été détectées de nouveau l’année suivante».
Le vérificateur de l’Ontario s’inquiète aussi de découvrir qu’il «n’y a pas de procédures en place pour tester au hasard la viande provenant des abattoirs afin de déceler les risques pour la santé de nature bactérienne, chimique et autre difficiles à détecter par les moyens traditionnels d’inspection». Ces tests sont pourtant jugés nécessaires, car certains des échantillons testés dans le cadre d’une étude du ministère contenaient des résidus d’antibiotiques.
Du lait de chèvre insalubre
Le MAAARO n’avait pas examiné les activités de la Dairy Farmers of Ontario (DFO) depuis que ce groupe a assumé la responsabilité du programme qualité du lait cru de vache en 1998. Le vérificateur a donc dû mener son propre examen pour conclure que heureusement «le DFO avait établi un processus d’inspection adéquat pour le lait cru».
Par contre, un tiers des rapports d’inspection qu’il a examinés chez les producteurs de lait de chèvre «attribuait une cote conditionnelle à ces établissements pour non-conformité aux normes minimales». Ce qui est alarmant, c’est que 90 % des échantillons de lait de chèvre analysés par le ministère dépassent les normes quant au nombre de bactéries qu’on y trouve. D’autres exemples de non-conformité comprennent des trayeuses et des réservoirs de stockage jugés «insalubres». En outre, le ministère n’a pris aucune mesure de suivi face aux nombreux cas de non-conformité observés.
En matière d’inspection des fruits et légumes frais de l’Ontario, sur près de 800 échantillons analysés en 2000, 28 cas présentaient des substances chimiques dépassant les limites acceptables, «l’excédent pouvant atteindre 80 fois la limite», note le vérificateur provincial. Encore ici, le MAAARO, «dû à des compressions de personnel et du réaménagement de l’effectif» a tardé à aviser officiellement les producteurs et les détaillants des résultats des analyses effectuées sur les échantillons prélevés l’été précédent. Au MAAARO, on ne mènerait plus d’enquêtes afin d’aider les producteurs à régler leurs problèmes.
Le vérificateur croit que le projet de regrouper les responsabilités provinciales relatives à la salubrité des aliments dans une seule loi pourrait quelque peu atténuer une bonne partie des problèmes qu’il a relevés au sujet du laxisme de l’inspection des aliments. Mais il signale «que le ministère devait faire davantage pour assurer la conformité aux lois, politiques et procédures en s’efforçant de combler les lacunes des processus d’inspection et de délivrance des permis».
On peut consulter le rapport complet du vérificateur provincial de l’Ontario à l’adresse Internet suivante: www.gov.on.ca/opa/french/french.htm.
[Exergues] Il n’y a pas de procédures pour tester au hasard la viande provenant des abattoirs afin de déceler les contaminations de nature bactérienne, chimique et autre difficiles à détecter par les moyens traditionnels d’inspection
Les activités du Programme qualité du lait cru de vache de DFO n’avaient pas été vérifiées depuis que ce groupe en a assumé la responsabilité en 1998.