« Les rendements aux champs représentent environ 30% […] à la fin de la saison il va manquer presque le trois quarts du foin pour les animaux […] Explique Éric Lafontaine, copropriétaire et producteur bovin de la ferme Lafontaine-Noël à Dupuy dans la municipalité de l’Abitibi-Ouest. L’Abitibi-Ouest est la principale région d’élevage de bovins de boucherie. Nous avons des fermes laitières, mais il y a plus de production bovine que de production laitière. »
« Ça va faire presque 40 ans que je suis à la ferme et je n’ai jamais vu une sécheresse de cette ampleur-là ! Poursuit Éric Lafontaine « C’est une question de saison, l’an passé nous étions inondés. Avec les changements climatiques que nous avons, on se rend compte que nous allons virer aux extrêmes […] c’est vraiment la définition des changements climatiques ! C’est un gros défi pour les producteurs. »
« À la fin, les agriculteurs sont tous fatigués et irrités, ils ne savent plus comment communiquer, ça crée, également, des problèmes de communication dans la famille », raconte Isabelle Talbot, travailleuse de rang dans le secteur de l’Abitibi. « Ils doivent faire des choix difficiles par rapport à la vente des animaux, aux achats de foin, etc. Et là tu rajoutes la machine qui brise ! Cela fait en sorte que c’est très difficile à gérer. »
« Oui, l’Abitibi-Ouest est la région où il y a eu le plus d’impacts au niveau des rendements […], mais tous les endroits en Abitibi-Témiscamingue ont, également, eu de la difficulté avec la sécheresse », ajoute Isabelle Talbot.
« Bien qu’il y ait des assurances, ce n’est pas tous les agriculteurs qui sont assurés. […] Les assurances sont basées sur trois stations météo en Abitibi-Ouest. Même à ça, les stations n’ont pas réussi à capter l’ampleur de la sécheresse, cette année », précise Éric Lafontaine.
« Nous avons discuté avec le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, du dossier de la lettre rouge », ajoute Éric Lafontaine. « Nos demandes c’est d’avoir des variations de protection au niveau des assurances en fonction des régions, car nous sommes évalués au même titre qu’au sud du Québec. On s’entend que la période de croissance n’est pas du tout la même au sud du Québec qu’en Abitibi ! […] une autre de nos demandes est d’empêcher de perdre des fermes. En Abitibi nous sommes un petit groupe de fermes. Nous avons des statistiques qui démontrent que nous sommes toujours en décroissance. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des fermes ici, surtout pas pour une sécheresse ! »
Avec plus de 75 signataires de la lettre rouge, la pression se fait ressentir pour rectifier la situation. « C’est une action citoyenne, mentionne Isabelle Talbot. Ça démontre la solidarité que nous avons en région […] Tous ont accepté de signer la lettre ! […] c’est vraiment une belle preuve que les agriculteurs sont capables de se tenir entre eux ! »
Des signatures, de l’entraide et de l’écoute, c’est ce qu’il faut pour faire avancer les choses. Ces actions d’aujourd’hui seront, également, les actions de demain pour les générations futures.
IJL – Réseau.Presse – Agricom