le Mardi 10 septembre 2024
le Lundi 16 octobre 2023 9:36 Fruits et légumes

Lorsque Mère Nature décide du futur de la pomiculture

Audrey Lizotte, ex propriétaire de la ferme l'Artisan
Audrey Lizotte, ex propriétaire de la ferme l'Artisan
Ces dernières années, la culture de pommes a été grandement affectée par les changements climatiques. Un réel cauchemar pour certains producteurs qui doivent trouver des moyens et des alternatives afin d’éviter le pire.
Lorsque Mère Nature décide du futur de la pomiculture
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Louis Béland, directeur du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien

Avec le gel qui s’est produit au printemps dernier, Audrey Lizotte, ex-propriétaire de la ferme l’Artisan, a perdu plus de 95% des fleurs de ses pommiers. «  La période de floraison est courte (environ 10 jours) et plusieurs facteurs peuvent influencer sa réussite telle que le gel […] et une mauvaise pollinisation causée par des conditions climatiques (le vent, la pluie, etc.) » explique-t-elle.

Bien que les agriculteurs fassent tout en leur pouvoir afin de sauver leur récolte, les défis météorologiques sont quant à eux très difficiles à maîtriser et à prévoir. « Je dirais que les deux dernières années ont été très difficiles, » raconte Louis Béland, directeur du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien. « Dans notre région, les pommiers ont beaucoup souffert avec le derecho, par des vents assez forts pour arracher les bourgeons et les fleurs. Et cette année, c’était un gel tardif. La fluctuation extrême de la météo dans les dernières années est très difficile à gérer. Vous pouvez imaginer, une belle journée chaude, les pommiers en fleurs, le soleil se couche et la température chute. Une petite couche de rosée se pose sur les fleurs de pomme et cette condensation gèle sur la fleur. Recette facile pour détruire une saison de production. »

Cela a aussi des répercussions au niveau économique. Tout comme Audrey Lizotte, plusieurs agriculteurs se sont vus obligés de mettre leur clé sous leur porte. « Que dire des vergers où la source de revenus principale est l’autocueillette ? » poursuit Louis Béland. « La majorité des producteurs, comme tous les entrepreneurs, cherchent à diversifier leurs sources de revenus pour éviter la catastrophe suite à des défis comme ceux vécus dans les dernières années, mais ce n’est pas toujours possible. L’impact peut être autant une baisse de revenus qu’une fermeture complète d’une entreprise ayant un énorme impact dans nos petites communautés de l’Est ontarien.»

Audrey Lizotte suggère d’acquérir de bonnes relations entre producteurs afin de s’informer sur les enjeux de la pomiculture et d’avoir accès à d’importants investissements financiers. « Il faut aussi savoir que ce type de culture demande de gros investissements et une attente de 8 à 10 ans avant d’avoir les premières récoltes et l’apparition des revenus, » affirme-t-elle. « Pour ces raisons, il faut être en mesure de pouvoir projeter les besoins en termes de  quantité, de variété, de tendances du marché, et ce, loin dans le temps. »

« Autant qu’il y ait des désavantages, la pomiculture permet, toutefois, un type de culture permanent et saisonnier, » continue Audrey Lizotte. « La récolte a toujours lieu vers la mi-août jusqu’à la fin du mois d’octobre. »

Bien que la pomiculture soit de plus en plus difficile à pratiquer pour certaines régions, les agriculteurs travaillent d’arrache-pied afin de continuer de produire des pommes; un fruit tant convoité. Espérons seulement que Mère Nature ne soit pas trop dure sur les futures productions.

IJL – Réseau.Presse – Agricom