le Mardi 3 décembre 2024
le Mercredi 4 septembre 2024 15:07 Fruits et légumes

Pommes: pas d’autocueillette cette année!

Cette année, les pommiers de Michel Villeneuve se sont vidés avant l'arrivée du mois de septembre.
Cette année, les pommiers de Michel Villeneuve se sont vidés avant l'arrivée du mois de septembre.
La fin septembre correspond à l’image d’enfants qui grimpent dans les pommiers pour choisir les plus beaux fruits du verger. Malheureusement pour eux, il est déjà trop tard! Il semble en effet que Dame Nature n’était pas d’humeur cette année et dans la plupart des vergers, les pommes et même les poires sont déjà tombées, quand elles n’ont pas simplement commencé à pourrir dans l’arbre.
Pommes: pas d’autocueillette cette année!
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La ferme Villeneuve devra relocaliser ses plants de raisins l’an prochain.

« D’habitude, on cueille la Honey Crisp vers la fin septembre; on a fini la cueillette le 30 août », déplore Michel Villeneuve, propriétaire du verger du même nom à St-Pascal dans l’Est ontarien.

Une saison en compote

Trop de pluie, trop de chaleur, les arbres fruitiers ont été exposés à des éléments qui ont fait mûrir les fruits trop vite. « Ça, c’est ceux qu’on a pu cueillir, parce que pour la Cortland par exemple, on s’est retrouvé avec ce qu’on appelle la tablature, une tache qui se forme sur la peau de la pomme et qui entraîne la moisissure de la chaire à l’intérieur. »

Oubliez l’autocueillette, les conditions ne sont pas propices, le sol pourtant sablonneux est encore gorgé d’eau des dernières averses. « Évidemment, pour  les amateurs d’autocueillette, c’est impossible cette année. On peut vendre les pommes que nous avons cueillies et qui sont belles », dit-il, « mais en gros, on devra faire du jus avec les pommes et du vin avec les poires. »

Et quand ce n’est pas la pluie…

Comme s’il n’avait pas déjà assez du ciel qui lui est tombé sur la tête, Michel Villeneuve a dû composer cette année avec des visiteurs indésirables.  « Les scarabées japonais, c’était la première fois que j’en voyais ici. On cultive du raisin et il semble que ce soit tout en haut de leur menu préféré. Ils ont mangé les plants jusqu’à la tige, je n’ai pu en récupérer que quelques-uns. » 

Si les scarabées aiment tant le raisin, M. Villeneuve les attend de pied ferme l’an prochain: « Je vais planter du raisin en périphérie de mon terrain, comme ça, ils vont pouvoir s’en donner à coeur joie et laisser mes autres plants tranquilles », espère-t-il. 

Par ailleurs, son terrain de quarante acres comptant une quinzaine d’acres boisés, il a aussi dû composer avec l’arrivée des tiques, phénomène qui lui était inconnu il y a à peine 10 ans. Et qui lui aura valu deux visites chez le médecin après  avoir été piqué au dos en tondant le gazon.

Brian Rideout estime avoir perdu 30% de sa récolte de pommes en raison du mauvais temps.

Des conditions idéales… Pour les spores

Comme son nom l’indique, Manitree Fruits Farms à Chatam-Kent exploite des milliers d’arbres fruitiers. Une parcelle de 100 acres est consacrée aux pommes. « Cette année, j’estime avoir perdu 30% de ma récolte de pommes en raison des moisissures causées par l’humidité et la pluie », déplore le propriétaire Brian Rideout.

L’entrepreneur est également directeur de l’Ontario Apple Growers, une association qui compte des membres un peu partout dans la province. Lors d’un récent appel-conférence, il a pu constater que la cueillette des pommes avait de deux à trois semaines d’avance un peu partout sauf dans l’Est, où la cueillette s’approche des dates normales. 

« La maladie est présente dans nos arbres et on doit appliquer des traitements durant la floraison pour protéger le fruit dans la fleur. Mais quand il pleut, le produit se fait laver et les spores de la maladie sont éclaboussées sur l’arbre, propageant l’infestation. Il y a deux semaines, on a fait tomber les fruits atteints pour qu’ils enrichissent la terre. On s’assure ainsi que la cueillette ne rapporte que des fruits sains », dit-il.

Et l’avenir?

Si la météo a été totalement imprévisible en 2024, Brian Rideout espère pouvoir se reprendre au cours des prochaines années. « Le gouvernement devrait mettre en place une politique garantissant que les fruits et légumes produits en Ontario soient choisis en priorité pour les programmes d’alimentation saine à l’école, au lieu de choisir des produits étrangers sans saveurs et moins chers. Nos intrants sont très élevés et il devient difficile d’être profitable », déplore-t-il.

IJL – Réseau.Presse – Agricom