le Vendredi 8 novembre 2024
le Mercredi 9 octobre 2024 13:12 Fruits et légumes

Un petit goût d’Afrique made in Canada

Feuille de vernonia.
Feuille de vernonia.
En termes d’agriculture, cultiver des légumes africains dans la région d’Ottawa relève presque du sport extrême. Si les cultivateurs traditionnels voient le climat de 2024 comme une course à obstacles, faire pousser des légumes qui nécessitent une température constante de 30 degrés est comme courir le marathon en béquilles.
Un petit goût d’Afrique made in Canada
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La corète potagère.

« Des gens, même proches de moi, m’ont dit que j’étais un peu folle, que j’allais sûrement échouer », explique Catherine Goueth. « Mais j’y croyais et je me suis dit que c’était faisable, il suffisait que je trouve le bon chemin. »

Un vide à combler

Pour cette immigrante du Cameroun, l’intégration à la vie au Canada est une opportunité de marier les coutumes alimentaires d’ici avec celles de son pays natal. Or, il lui a fallu peu de temps pour constater que les épiceries de la région n’offrent pas de légumes exotiques frais, du moins, aucun provenant d’Afrique centrale. 

« Je pense à l’amarante, la morelle noire qui se présente comme des épinards, mais avec un goût différent; la vernonia, la corète potagère, les feuilles de patates douces et celles du melon… Pas les melons d’ici, ça ressemble plus à une courge », précise-t-elle.

Elle entreprend donc de se renseigner sur les conditions nécessaires à cultiver ces légumes ici. Importer des graines d’Afrique? L’absence de traçabilité des semences et les contraintes administratives d’importation écartent cette avenue. Mme Goueth trouve enfin un producteur québécois capable de lui fournir des semences certifiées bio. 

L’aventure commence

Maintenant qu’elle peut s’approvisionner en graines, il reste encore à trouver une terre adéquate pour les faire pousser, ce qu’elle réussit finalement à faire en suivant des formations sur les différentes natures de sols.

« L’an dernier, je n’avais pas de serre, c’était donc plus difficile de garder une température idéale; j’ai utilisé des toiles. Cette année, j’ai trois serres, elles ne sont pas chauffées, mais ça viendra », estime-t-elle. Et sa petite exploitation agricole a commencé à porter ses… légumes.

« Au début, les banques et les gens étaient sceptiques, mais quand ils ont vu mes premières récoltes, là, ils ont commencé à y croire. » Et elle a eu l’heureux problème d’avoir à refuser des demandes, ayant commencé modestement. En 2024, sa production a augmenté et avec un peu de chance, l’entreprise va continuer sa croissance pour répondre à la demande grandissante.

L’avenir: savoir s’entourer

Catherine Goueth nourrit de beaux projets pour sa ferme. Pour l’instant, l’autocueillette n’est pas permise et ses légumes ne sont pas disponibles en commerce, on doit passer les chercher à la ferme, qui offre aussi la livraison. 

« J’aimerais que nos produits ne s’adressent pas seulement aux afrodescendants, mais à notre communauté d’accueil aussi. Je me vois comme une pionnière, j’espère entraîner d’autres initiatives de cultures exotiques. »

Pour y arriver, la clé selon elle est de s’entourer de gens qui l’aident à grandir. Et depuis qu’elle est en mesure de prouver que son aventure est viable, beaucoup plus de gens prennent son rêve au sérieux.