Qu’on parle de la bernache (aussi connue sous le nom d’oie du Canada) ou de l’oie blanche, on est en présence d’oiseaux migrateurs qui ont pour habitude de se regrouper dans les champs et près des points d’eaux pour faire le plein de nutriments avant d’entreprendre leur migration vers le sud jusqu’aux États-Unis, parfois même au nord-est du Mexique. Il arrive toutefois que certaines d’entre elles hivernent dans le sud du Canada tant qu’elles peuvent trouver de la nourriture et de l’eau libre.
Du côté des oies
La bernache du Canada est un oiseau de bonne taille et dont le poids du mâle adulte peut atteindre 6.5 kilos. Herbivores, elles se nourrissent de pousses de graminées et autres plantes tendres. C’est donc dire que les jeunes pousses de blé d’automne ou d’hiver ou le foin font leur bonheur.
« Les outardes, on les appelle les Snappers parce qu’elles coupent les jeunes plants avec leur bec, alors que les oies blanches vont chercher le plant jusqu’à la racine », explique un agriculteur ontarien qui préfère garder l’anonymat. « Et quand il y en a des centaines, elles vous ravagent un champ en un rien de temps. Juste leur poids est un problème, parce qu’elles compactent le sol. »
L’agriculteur a essayé différentes méthodes pour éloigner les oies blanches et les outardes de ses champs, sans grand succès. « On a essayé les drones, les canons à air et les 4 roues, mais elles font juste s’envoler pour se poser plus loin. Elles finissent par s’habituer », dit-il.
Du côté des chasseurs
Les outardes attirent une autre forme de nuisance: les chasseurs. Du moins, ceux qui se croient tout permis.
« On a déjà permis à des groupes de chasseurs de venir, en suivant quelques règles simples », confie-t-il, « mais c’est vite devenu hors de contrôle. On s’est retrouvé avec des camions et des remorques sur nos terres. »
Résultat: aujourd’hui, l’agriculteur n’accueille qu’un seul chasseur sur sa propriété, en l’occurrence, une personne respectueuse de la terre et de ses propriétaires.
Fusil ou caméra?
Zach Lapointe est un chasseur passionné d’oies blanches et d’outardes du Canada, une activité qu’il a découverte à l’âge de 13 ans. « Avant, je chassais le chevreuil, mais depuis que j’ai découvert la chasse à l’oie, c’est la seule chasse que je fais et je pourrais faire ça chaque jour de l’année », dit-il.
Chaque fois qu’il s’installe dans sa cache, Zach ne cesse de s’émerveiller du spectacle qui s’offre sous ses yeux, comme de voir une oie naviguer le vent avec dextérité avant de se poser à un endroit précis. Le chasseur troque d’ailleurs souvent son calibre .12 pour une caméra.
« Juste hier, on comptait entre cinq et dix mille oies dans les champs où je me trouvais! »
Selon la période, le chasseur peut tuer entre trois et 10 oies par jour. Bien qu’on trouve des oies à nos latitudes parfois jusqu’en janvier, la fenêtre pour chasser est relativement étroite: « Après la première neige et quand l’eau gèle, la majorité s’en va », constate-t-il.
Respect
M. Lapointe croit que les chasseurs sont victimes de leur mauvaise réputation. « J’ai étudié l’agriculture, j’ai travaillé sur une ferme laitière, je respecte la terre où je chasse, mais ce n’est pas le cas de tous les chasseurs. Il y en a qui circulent en camion ou en vtt, j’en ai vu qui laissent les carcasses d’oies dans les champs, ce qui attire les charognards et ça crée des problèmes pour les agriculteurs. »
Selon lui, la chasse à l’oie permet de contrôler efficacement leur population et leur impact sur l’agriculture. « Demandez la permission, soyez respectueux envers les agriculteurs et l’environnement et vous aurez de meilleures chances d’être accueillis plutôt que chassés d’une terre », conclut Zach. Ignorez le savoir-vivre et vous risquez de vous faire… voler dans les plumes.
IJL – Réseau.Presse – Agricom