Un gros morceau de la ferme Leducdale à Dunvegan s’est envolé en fumée, le 24 octobre en fin d’après-midi. Le surlendemain, les copropriétaires, Raymond Leduc et son fils Sébastien s’affairaient sur le site dévasté. Sous les décombres laissés par l’incendie, les carcasses de 150 génisses et vaches attendaient d’être retirées après le départ des enquêteurs.
« Au moins, j’ai l’impression que les animaux n’ont pas souffert longtemps tellement la fumée était noire et épaisse », indique Raymond Leduc en expliquant que c’est justement pour cette raison qu’il a interdit à son fils de tenter d’y pénétrer pour libérer les animaux après y avoir lui-même jeté un coup d’oeil par l’entrebâillement de la porte qu’il a aussitôt refermée.
« On serait morts aussi vite », dit-il.
Malgré l’ampleur du sinistre – les dommages sont évalués à plus de 1 M$ – au moins, ces producteurs laitiers de 3e et 4e génération n’ont pas tout perdu puisque les vaches en lactation sont logées dans un autre bâtiment à plus de cinq cents mètres, ainsi que d’autres sujets. La ferme Leducdale dont le troupeau s’élevait à environ 600 têtes trait en moyenne 280 vaches, bon an mal an. La cadence risque toutefois d’être compromise. L’étable qui a brûlé faisait office de pouponnière et plusieurs vaches attendaient d’y mettre bas.
« Il y avait 23 vaches à vêler dans les prochains jours et 35 d’ici un mois. »
Il faudra acheter du bétail, mais voir aussi comment le loger. Pour l’instant, la décision d’hiverner un hangar semble la plus propice, mais il reste à décider si ces rénovations viseront à en faire un bâtiment permanent où s’il ne vaut pas mieux construire une nouvelle étable.
« Je veux avoir l’opinion de Sébastien. Avec le temps, je lui laisse plus de place pour les décisions ».Une chose est certaine c’est que s’il se construit un nouveau bâtiment cela sera sur l’autre terre, terre achetée à un cousin il y a plusieurs années et où se trouvent les deux autres bâtiments et la maison de Sébastien, son épouse Isabelle et leurs quatre enfants.
Quant aux causes de l’incendie, elles sont encore indéterminées.
« Sébastien et Jean-Pierre (le conjoint de sa fille Marie-France) avaient nettoyé les stalles et venaient de remettre de la paille avec le « Bobcat » (mini tracteur sur chenilles muni d’une pelle). Ils ont ensuite senti la fumée et sont sortis dehors pour voir d’où cela venait. En rentrant, ils ont vu dans le fond du bâtiment, la fumée qui s’échappait de la paille. »
Les flammes ont suivi peu après et Donat, l’un des fils de la famille baptisé du nom de son grand-père, a reçu l’appel de son frère Sébastien qui lui décrivait la situation. Dans les minutes suivantes, il recevait un appel de la caserne des pompiers, étant lui-même pompier volontaire.
« J’étais à Vankleek Hill et je n’ai jamais trouvé la route du retour aussi longue. »
Comme nombre de pompiers ce soir-là, il a combattu l’incendie, mais c’est de la ferme familiale qu’il s’agissait.
« Comme pompier j’en suis à mes débuts. J’ai trouvé ça assez dur, mais en même temps j’étais content de pouvoir aider. »
Raymond Leduc a lui aussi reçu un appel de Sébastien avant de voir les flammes s’échapper du toit du haut du viaduc qui le menait à la maison.
« Ç’a été un méchant choc. En plus de l’étable, j’ai eu très peur pour la maison.»
La nouvelle s’est vite propagée et la famille, les amis et les voisins n’ont pas été longs à accourir.
« C’est la première fois et la dernière, je l’espère. J’ai perdu mon épouse cet été et ça fait beaucoup en peu de temps. »
Son entourage est très attentionné et les bonnes paroles de même que le soutien ne manquent pas. Tour à tour, ses enfants Christine, Donat, Julie, Sébastien, Pierre, Marie-France et Rayanne (fusion du nom de ses parents Raymond et Diane), l’invitent à la maison pour souper.
« J’ai des enfants exceptionnels et douze petits-enfants merveilleux. »