La taxe, qui n’est déjà pas populaire auprès des fermiers ontariens, occasionne pour eux une surcharge de centaines, voire de milliers de dollars parce qu’elle s’applique au propane et au gaz naturel, utilisés pour chauffer les bâtiments et sécher le grain.
« L’augmentation en elle-même n’est pas tellement le problème », indique le directeur général du Réseau agroalimentaire de l’Est ontarien, Louis Béland. « C’est le système au complet qui ne va pas. Nos membres souffrent davantage des effets des changements climatiques que de ce qu’on appelle la taxe, mais qui est en fait un système de prélèvement à levier. »
Juste part?
Selon M. Béland, les agriculteurs se font copieusement taxer pendant que les pétrolières encaissent des profits: « On parle de 28 milliards de profit juste pour Shell en 2023, 36 milliards pour Exxon et 23 milliards pour Suncor. Pas de revenus: de profits », dit-il, rappelant que pendant ce temps, la plupart des agriculteurs peinent à joindre les deux bouts.
Directeur à la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO), Pierre Paul Maurice estime que le gouvernement fédéral a manqué une belle opportunité de tendre la main au secteur agricole.
« Le projet de Loi C-234 prévoyait une exemption de la taxe sur le propane et le gaz naturel pour les éleveurs et les agriculteurs, mais le projet a été défait en Chambre. C’est horrible, tout simplement. En Ontario, le gouvernement Ford s’est joint à la communauté agricole pour faire pression sur le fédéral afin qu’il revienne sur sa décision », dit l’agriculteur de la région de Simcoe.
M. Maurice reste toutefois convaincu que l’impasse se dénouera par le dialogue et non pas par la confrontation. « Nous ne sommes pas contre la vertu. Nous savons que le système actuel est mieux que rien, il a eu des impacts positifs à l’international. Il faut faire avec. Mais je pense que le fédéral oublie tout ce que le secteur agricole a déjà mis en place pour contribuer à la réduction des émissions de carbone. »
Solutions à court terme
Outre l’exemption aux agriculteurs (qui leur permettrait de réinvestir l’argent dans d’autres mesures pour contrer les gaz à effet de serre selon la FAO), l’organisme est d’avis que le consommateur peut appuyer les fermiers.
« Tout ce débat ravive l’importance de l’achat local et de se fournir auprès d’un marché frais au lieu d’une grande chaîne qui importe ses produits de l’extérieur. On ne peut pas toujours augmenter nos prix parce qu’ils sont parfois fixés par des instances externes; mais on peut au moins, comme consommateur, s’approvisionner localement et assurer la subsistance de l’industrie agricole de notre région », dit le directeur général de la FAO.
IJL – Réseau.Presse – Agricom