Tout au long de sa campagne, Trump a répété qu’il entendait adopter des mesures protectionnistes sans précédent, imposant notamment un droit douanier de 10% sur toutes les importations dans le pays de l’Oncle Sam. À quoi doivent maintenant s’attendre les agriculteurs et les éleveurs qui transigent avec nos voisins du sud?
Peur et prudence
« Je suis un peu sous le choc », avoue le directeur à la Fédération de l’agriculture de l’Ontario (FAO), Pierre-Paul Maurice. « La FAO reconnaît la décision du peuple américain. Il est de notre responsabilité maintenant de travailler pour le bien-être de l’industrie agroalimentaire de l’Ontario et nous continuerons à défendre et protéger les intérêts de nos membres », dit-il.
M. Maurice dit notamment s’inquiéter de l’imposition d’un droit douanier supplémentaire et de la fragilité des accords entre le Canada, les États-Unis et le Mexique qui doivent être renouvelés en 2026. « J’attends de nos gouvernements qu’ils entretiennent un dialogue constructif avec nos voisins américains et qu’ils continuent de soutenir notre industrie. »
Attendre de voir
De son côté, l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO) ne semble pas vouloir céder à la panique. « Il y aura des changements, les cultivateurs s’y sont résignés », indique le vice-président de l’UCFO, MIchel Dignard. « Ce n’est pas la première fois que Trump veut s’en prendre à l’accord Canada-États-Unis-Mexique. »
M. Dignard dit s’attendre à n’importe quoi de la part du nouveau président américain: « Ce sera son dernier terme, il n’a rien à perdre, il a des idées radicales, mais son entourage ferait bien de lui rappeler que nos deux économies sont liées. Par exemple, le bœuf canadien est très bien intégré au marché américain et remettre ça en question serait risqué pour lui. »
Le cultivateur reconnaît toutefois que le Canada a intérêt à conserver des relations harmonieuses avec son voisin dont l’économie est 10 fois supérieure à la nôtre.
De l’autre côté de la frontière
On pourrait croire que les mesures protectionnistes américaines font jubiler les agriculteurs et le peuple américain; or, il y a des voix discordantes, particulièrement au sein de la communauté scientifique.
L’Union of Concerned Scientists (UCS), un groupe d’observateurs scientifiques des politiques américaines, y allait d’une déclaration incendiaire ce matin, au lendemain du vote.
« Trump 2.0 sera aussi mauvais que vous le pensez pour les agriculteurs et les consommateurs », s’inquiète Karen Perry Stillerman, directrice adjointe de l’UCS. « L’obsession de Trump pour les droits de douane promet d’augmenter les prix à la consommation, d’augmenter les coûts pour les agriculteurs et de relancer les guerres commerciales agricoles qui ont marqué son premier mandat. Le chaos commercial a durement frappé les producteurs américains de matières premières. »
L’UCS craint aussi la déportation de millions de travailleurs immigrants, l’abandon de mesures de protection de l’environnement des terres agricoles et que le gouvernement Trump ouvre grande la porte au lobby des méga-entreprises agroalimentaires pour l’adoption de politiques allant à l’encontre de l’intérêt des Américains.
IJL – Réseau.Presse – Agricom