Au vignoble Vankleek Hill Vineyard, Scott Lambert, copropriétaire avec sa conjointe Teresa Bressan, déplore que la région de l’Est de l’Ontario ne profite pas de l’émergence des vignobles locaux pour développer un circuit agro-touristique qui permettrait à bien des petits producteurs, et pas que de vin, de mettre en valeur leurs produits.
La province pourrait créer et proposer une véritable route des vins de l’Est de l’Ontario. Il rappelle qu’un des slogans de l’Ontario, Open for business, ne fait pas justice aux possibilités qu’il voit. «On trouve qu’il y a une sorte d’hypocrisie, on dit qu’on veut soutenir le marché local, mais dans le fond, on donne plus de chance à des vins étrangers qu’à des vins locaux».
Lambert fait référence notamment aux droits d’accise sur l’alcool qui ont récemment bondi de plus du triple de l’augmentation habituelle, en raison de l’inflation. Cette taxe fédérale sur les boissons alcoolisées vient ajouter 6,3 % de taxes au fabricant. Or, les grands vignobles du Chili ou des États-Unis bénéficient d’une exemption de droits de douane qui à elle seule représente probablement 6 millions de dollars que ne touche pas le gouvernement fédéral.
Pas assez de soutien pour les petits producteurs locaux
En quelque sorte, on protège des vins étrangers et on ne soutient pas assez la production canadienne. «On dirait qu’on nous lance des balles courbes de tous les coins!», ajoute Scott Lambert. En Europe par exemple, de nombreux pays qui sont de gros producteurs de vins, tels l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce pour ne nommer que ceux-là, n’imposent pas de droits d’accise à leurs producteurs de vins.
Les petits vignerons de l’Est ontarien estiment en général que la vente directe, sur leur vignoble, représente 98% de leurs ventes totales. Assouplir les règles actuelles et adoucir leur taux de taxation leur permettrait surtout de diversifier leur clientèle, être moins dépendants des visiteurs, ce qui est très difficile à réaliser dans le moment. M. Etter calcule même qu’il pourrait augmenter de 20 % à 30 % ses ventes, ce qui serait majeur pour son vignoble. Et il demeure persuadé que ces assouplissements entraîneraient des retombées économiques intéressantes pour sa région.
D’ici à ce que les choses bougent, les vignerons de la région continuent de soigner leurs vignes, de récolter leurs raisins, de croire en leurs produits et de s’unir pour essayer de changer les choses. Car ce qui les a menés à la production vinicole dans cette région émergente et dans des conditions fiscales pas toujours favorables, c’est d’abord et avant tout la passion du vin.
IJL – Réseau.Presse – Agricom