« Le principal défi est la rentabilité », confie-t-il. « En hiver, les heures d’ensoleillement sont trop faibles et le froid hivernal devient trop intense pour la culture en serre. Alors on cultive des légumes résistants jusqu’en décembre ou début janvier, puis on arrête jusqu’à la reprise du printemps. »
L’exemple québécois
Pendant ce temps, les agriculteurs québécois sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure de la culture maraîchère hivernale. Selon l’agronome Éric Poupart de la firme conseil Logiag, on en compte pas moins d’une vingtaine en opération dans La belle province.
« Au Québec, le gouvernement subventionne cette initiative alors que ce n’est pas le cas en Ontario; ça explique probablement l’écart d’intérêt pour ce type de culture entre les deux provinces”, dit l’expert qui œuvre des deux côtés de la frontière. « Ce ne sont pas des grandes entreprises agricoles, elles sont généralement petites à moyennes et elles exploitent entre une et six serres en hiver. »
Y a-t-il un profil-type de l’agriculteur hivernal? « Je dirais qu’en général, ils sont jeunes, très investis dans leur entreprise et ils ont le goût d’essayer quelque chose de nouveau. Ce sont des fermes qui visent essentiellement les marchés de proximité qui recherchent des aliments santé locaux hors saison. »
Qu’est-ce que ça mange en hiver?
Au Québec, la subvention provinciale permet notamment d’éponger les coûts reliés au chauffage des serres. Les cultures qui résistent le mieux au froid sont les épinards, les courgettes, les bettes à carde, la roquette, le céleri et la laitue, entre autres.
« L’opération hivernale d’une serre requiert beaucoup de manutention », prévient M. Poupart. « Il faut recouvrir les plants d’une toile légère le soir pour conserver la chaleur et la retirer le matin. Selon les installations dont on dispose, le cultivateur peut aussi devoir drainer la tuyauterie après chaque arrosage pour prévenir le gel des conduites d’eau. Et on devra aussi tenir compte d’une croissance de 15 à 20% plus lente en hiver qu’en été. »
Un des avantages est qu’on trouve peu ou pas d’insectes ravageurs l’hiver. « Pour ma part, je pense que la pause de six à huit semaines qu’on prend en hiver permet un meilleur contrôle des parasites dans la terre », observe l’Ontarien Éric Blondin. « Et c’est aussi un temps de repos pour Peggy et moi, l’un des rares qu’on s’accorde dans l’année. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom