C’est ainsi que le programme AgriMentor a vu le jour il y a quelques mois, avec pour mission de mettre à la disposition des jeunes agricultrices qui débutent leur carrière, un éventail de services et de ressources pour les accompagner et les préparer à faire leurs débuts dans le secteur agricole et agroalimentaire.
Selon Adelphine Kabedi, gestionnaire du programme AgriMentor, l’Union des cultivateurs franco-ontariens et tous ses partenaires sont fiers des résultats remarquables obtenus jusqu’à présent. Depuis son lancement en septembre 2023, plus de trente paires mentores-mentorées ont été formées.
« L’engagement et les témoignages encourageants de ces participantes montrent qu’AgriMentor répond à un besoin crucial chez les agricultrices. Nous sommes impatients de voir ce programme continuer à prospérer et à inspirer un nombre croissant d’agricultrices », dit-elle.
Pourquoi au féminin?
À l’approche du départ massif à la retraite de nombreux agriculteurs et agricultrices, nous croyons qu’il faut soutenir le développement professionnel et personnel des mentorées dans divers domaines, dont le leadership, la gestion du temps et des priorités, la résolution de problèmes, la planification stratégique, la communication efficace, etc.
La mentore n’impose jamais ses méthodes et vision. Elle doit plutôt aider les mentorées à clarifier leurs objectifs, en les amenant à envisager différentes perspectives, tout en respectant leur autonomie décisionnelle. « On veut aussi offrir aux femmes la possibilité d’élargir leur réseau professionnel et combattre l’isolement en encourageant des échanges enrichissants », dit-elle.
It’s a man’s world…
Véronique Gerland n’est pas issue d’une famille d’agriculteurs. Cette résidente du secteur Glengarry-Sud entre Cornwall et Alexandria a occupé un travail de bureau avant de sentir le besoin de changer d’air. « Mon conjoint et moi voulions faire quelque chose de concret », dit-elle. « J’ai été consultante en nutrition et j’avais le sentiment que manger bio n’était pas financièrement accessible. Nous nous sommes dit qu’on devrait s’établir en campagne sur notre propre ferme. Se nourrir et nourrir sainement en tout respect de la terre.»
Rapidement, le jeune femme réalise que ses voisins, qui cultivent le maïs et le soya, ont peu en commun avec son entreprise qui compte un verger en permaculture, un élevage de moutons en écopâturage et la culture d’ail. « On maximise l’utilisation de l’espace et on choisit des domaines complémentaires. Chez nous, un pommier ne pousse pas à côté d’un autre pommier; ça limite les infestations d’insectes. »
Si on ne peut compter sur son voisin, alors vers qui se tourner? « Le programme AgriMentor de l’UCFO joue un rôle important. Je peux échanger d’agricultrice à agricultrice pour valider mes choix », souligne celle qui dit avoir été grandement inspirée par les capsules vidéo de Stefan Sobkowiak, un biologiste qui a enseigné à l’université McGill de Montréal des cours sur la production fruitière, les plantes et le design paysager.
Girl Power
Elle aussi issue de la première cuvée de femmes mentorées de l’UCFO, Stéphanie Marcotte-Côté, de Shawinigan au Québec, croit que les femmes prennent plus que jamais leur place en agriculture. « Juste en floriculture, c’est presque 100% des femmes qu’on trouve à la tête des entreprises. Je pense qu’on est plus sensibles à nourrir le vivant tout en gérant l’entreprise. »
Le mentorat lui a permis de progresser et de prendre conscience du fait que malgré son manque d’expérience, son approche des problèmes est similaire à celle de sa mentore. « Je travaille au quotidien avec des citoyens défavorisés et avec des bénévoles à qui j’enseigne des connaissances et techniques, donc oui, je suis ouverte éventuellement à faire du mentorat à mon tour quand j’aurai suffisamment d’expérience. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom