Mais il y a un “mais”… C’est que toutes les régions de l’Ontario n’ont pas reçu les mêmes quantités de précipitations, ce qui fait que les résultats de récoltes peuvent varier selon que l’on se trouve à Cornwall ou Renfrew. « J’habite la région de Winchester où l’on s’attend à une récolte record de maïs en 2024 », explique l’agronome indépendant Gilles Quesnel. « Cependant, beaucoup de terres le long de la rivière des Outaouais ont été inondées et les résultats ne seront probablement pas aussi bons. »
Pluie et chaleur
Ainsi, l’agronome estime que si les récoltes de céréales seront bonnes cette année, celles du maïs et du soya vont varier d’une région à l’autre. « Pour le soya, les terres du comté de Renfrew connaissent un excellent rendement tandis qu’à l’est, c’était moins facile. Les semis se sont fait un peu en retard à cause de la pluie et quand la canicule a frappé en juillet, on a atteint 200 unités thermique au-dessus de la moyenne des 30 dernières années! »
Autre constat: certaines récoltes sont en avance de deux semaines sur le calendrier. Selon l’expert, c’est principalement dû au fait que les graminés, le foin et le blé ont été semés plus tôt en raison de conditions météo favorables. Curieusement, l’automne aussi semble en avance, comme en témoignent les premières récoltes de pommes et les branches d’érables déjà décorées de feuilles rouges, dont certaines ont fait leur apparition dès la mi-août.
Moisissures et bibittes…
Malheureusement, chaleur et humidité créent des conditions propices à l’apparition de moisissures et d’insectes, une réalité à laquelle les cultures n’échappent pas cette année.
« Malgré la chaleur humide, les cas de moisissure blanche sur le soya sont moins répandus que l’an dernier », constate M. Quesnel. « La moisissure cherche une température de 25 degrés ou moins et pas plus d’un pouce de pluie pour se propager. La fin juillet et le début d’août ont largement excédé ces valeurs durant la floraison du soya, ce qui a entravé la progression de la moisissure. »
Les champignons ne sont d’ailleurs pas tous nocifs. Ainsi, une variété appelée Pandora s’attaque aux pucerons qui nuisent aux cultures. « Il y a 20 ans, on pouvait compter jusqu’à 5 000 pucerons par plant, ils se reproduisent très rapidement. Aujourd’hui, avec l’introduction de coccinelles et du pandora, on limite le nombre de pucerons à quelques centaines par plant », dit-il.
L’ennemi à abattre
Dans la mire des agronomes en 2024: le ver-gris occidental du haricot (Western bean cutworm), un parasite qui passe de larve à papillon en laissant des dommages importants au maïs dans son sillage. « Au début, on en capturait 200 par semaine dans nos filets. En 2024, c’est passé à 800, voire 900 par semaine », s’inquiète l’agronome.
On surveille aussi la cicadelle de la pomme de terre dans les champs de luzerne. Gilles Quesnel conseille aux agriculteurs de planter des variétés plus résistantes, de débuter la récolte plus tôt et de consulter un expert sans tarder pour limiter les dégâts.
IJL – Réseau.Presse – Agricom