« Un rendement variable » est le commentaire le plus souvent recueilli auprès des agriculteurs et des agronomes. En clair, ça signifie que certaines régions sont en avance tandis que d’autres peinent à rattraper le retard causé par un printemps pluvieux.
Au fil des régions
À St-Isidore, le propriétaire du Centre de criblage Bercier n’est pas de ceux qui voient la récolte de 2024 comme une année exceptionnelle. « C’est un rendement variable qu’on constate un peu partout dans l’Est », indique Guillaume Bercier. « Oui, l’automne a été chaud et sec et on a vu des récoltes se faire 5 à 10 jours plus tôt que d’habitude, mais on ne doit pas oublier que le printemps et une partie de l’été ont été pluvieux; ça n’a pas aidé », dit-il.
Agronome senior à la Grain Farmers of Ontario, Marty Vermey confirme: « Les pluies de l’été nous ont fait beaucoup craindre l’apparition de maladies et de moisissures sur les cultures. Heureusement, des régions comme Guelph ont ensuite connu huit semaines sans pluie, ce qui a permis aux cultures de maturer et empêché la moisissure de proliférer. »
Selon lui, les régions à l’ouest de Toronto ont des résultats variables. « Par exemple à London, la pluie de mai et juin a retardé les semailles et les récoltes commencent maintenant. » M. Vermey croit que la plupart des agriculteurs utilisent l’Halloween comme baromètre. Si les récoltes ne débutent qu’après le 1er novembre, on parle d’un retard significatif.
À Renfrew, Jennifer Doelman de Bonnechere Haven Farms estime qu’elle n’a pas à se plaindre. « Nous avons fini le soya il y a 10 jours, c’est un record pour nous, c’est la première fois que nous avons le temps d’en faire la récolte avant l’ouverture de la chasse », dit la jeune femme.
Ce sera également une très bonne année pour le maïs, qu’elle compte récolter au cours des prochains jours. « Quant au canola d’hiver et au blé d’hiver, ça se présente très bien aussi! »
Trop ou pas assez humide
Les deux prochaines semaines seront cruciales pour plusieurs agriculteurs: si le grain est sec, il sera moins lourd à la pesée et donc, moins rentable. S’il est trop humide, il risque de favoriser le développement de moisissures lors de l’entreposage en silo. « Comme l’an dernier, les cultivateurs sont nombreux à choisir de conserver le grain en attendant une remontée des prix. »
Une fois le maïs récolté, certains cultivateurs optent pour une culture de couverture, histoire de nourrir le sol. « Mais c’est surtout pour ceux qui ont déjà récolté en octobre », précise M. Vermey. « Semer maintenant risque de ne pas produire de jeune pousse, on est trop proche des premières bordées de neige. Mais c’est un bon moment pour prélever un échantillon de sol et appliquer du phosphore et du potassium. »
Puis, en décembre, les agriculteurs choisissent les unités thermiques des hybrides qu’ils planteront au printemps. Encore là, il faut être prudent, rappelle l’agronome. « On ne peut pas se fier à l’année qui vient de se terminer pour faire nos choix de l’an prochain. Il faut vraiment se baser sur les données météo des 10 dernières années. La météo est toujours difficile à prévoir, mais on peut quand même observer des grandes tendances qui permettent de faire un choix éclairé. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom