Spécialement, c’est le protoxyde d’azote (N2O) émanant des fertilisants qui est dans la mire du gouvernement fédéral. Le secteur agricole serait responsable de 60 % de sa production. Officiellement, le gouvernement canadien cherche à réduire l’émission du gaz et non l’utilisation de fertilisant. Dans les faits, il est difficile de faire l’un sans l’autre. De plus, dans un papier annonçant cette décision publiée en début d’année, le gouvernement libéral annonce directement son intention de réduire l’usage de fertilisant azoté au pays.
La réaction des acteurs du milieu ne s’est pas fait attendre. Sur twitter, Western Canadian Wheat Growers déclare ceci à propos du plan du fédéral « le rendement agricole réduirait les revenus des familles d’agriculteurs et augmenterait le prix de la nourriture ».
Son président, Gunter Jochum, déclarait au journal Bloomberg que les agriculteurs étaient mis au pied du mur avec cette mesure. Ici, le directeur général de l’UCFO reconnaît que le milieu agricole à son rôle à jouer dans la lutte aux changements climatique. « On peut faire notre part, mais le gouvernement doit nous aider là-dedans. Sinon, c’est le producteur qui se retrouve aux prises avec une perte de productivité et à faire des changements qui ont un coût important », souligne Danik Lafond.
Du même souffle, l’entente de principe appelé le Partenariat canadien pour une agriculture durable vise à augmenter la compétitivité du secteur agricole, les revenues générées par ce secteur ainsi que les exportations. Un objectif qui paraît contradictoire à l’intention de réduire l’usage de fertilisants.
Cette entente arrive au même moment qu’une crainte de pénurie alimentaire ébranle le monde. L’invasion russe en Ukraine inquiète les Nations unies puisque l’Ukraine était le principal contributeur du Programme alimentaire mondial (PAM). Le Canada est un joueur clé pour amortir cette crise. Or, la réduction des fertilisants riches en azote, le nutriment le plus important pour les plantes, pourrait venir faire ombrage à ce rôle.
Le protoxyde d’azote est le 3e gaz à effet de serre en importance sur la planète. C’est ce gaz qui est le principal destructeur de la couche d’ozone du moment. En effet, le protocole de Montréal signé en 1987 avait régulé l’usage des chlorofluorocarbures (CFC) qui étaient perçus comme la principale menace pour la couche d’ozone à l’époque.
Le Canada n’est pas le seul état dans le monde à vouloir diminuer ses émissions de ce gaz. Les Pays-Bas ont décidé de réduire eux les émissions d’azote. En ce sens, les agriculteurs ne pourront plus épandre autant de fumier dans leurs champs qu’ils le faisaient. Cela a déclenché de nombreuses démonstrations de mécontentement de la part des agriculteurs néerlandais.