Le terme fait peur, mais il est aussi souvent galvaudé. Il est vrai que les dangers d’une intelligence artificielle qui nous dépasserait sont connus et craints. Mais pour l’instant, ce qui est implanté dans les fermes s’apparente davantage à ce qu’on appelle de l’agriculture de précision qu’à une réelle intelligence autonome.
Des rénovations majeures ont été faites dans les poulaillers de la ferme Rocky Hill Farm, à Saint-Albert. Et les propriétaires, les Lavergne, ont choisi de faire des investissements durables en optant pour la fine pointe de la technologie. Si avant, tous les systèmes, que ce soit le chauffage, le système d’alarme, l’aération étaient indépendants les uns des autres, ils sont désormais regroupés en un seul système. « Maintenant, tout est sur un panneau, comme une tablette. De mon téléphone, je peux savoir la température dans mon poulailler! », explique Martin Lavergne.
Si M. Lavergne trouve pratique de recevoir des notifications sur son téléphone dès que la moulée ne se rend pas bien à ses poules ou que l’aération d’un bâtiment est trop forte, c’est encore lui qui doit régler tous les paramètres qu’il souhaite avoir dans sa ferme. On est donc encore loin de l’intelligence artificielle à proprement parler, comme le souligne Mme Goulet.
« Il y a du machine learning, basé sur des données qui sont collectées par les humains et dans le but de devenir autonome, mais on n’en est pas là », précise-t-elle, parce que les « décisions » qui sont prises reposent sur des algorithmes… élaborés par les humains. Mais les possibilités, en particulier dans la recherche agroalimentaire, sont emballantes.
L’une des plus grandes forces de ce type de technologie est la capacité, à l’aide de sondes, de récolter une quantité phénoménale de données, d’isoler les nombreuses variables et surtout, d’analyser en un temps exceptionnel toutes ces données. De l’avis de Mme Goulet, ce genre de processus pourrait permettre de trouver une réponse à un problème en quelques instants, alors qu’autrefois, un chercheur pouvait y consacrer l’entièreté de sa carrière et de sa vie.
Les suites de ces recherches pourraient éventuellement améliorer grandement le bien-être animal, par exemple, en mesurant des signes d’inconfort que l’humain, subjectivement, ne perçoit pas, ou qu’il interprète mal. Les données recueillies sont généralement aussi extrêmement fiables, ce qui peut mener à des réponses optimales.
Si Martin Lavergne exploite une grosse ferme avec toute sa famille, il admet que, pour un fermier qui aurait une petite production avec peu ou pas d’employés, ce genre de système pourrait lui permettre de prendre de petites vacances. Il gagne déjà du temps de travail lorsqu’il peut surveiller un poulailler sur son téléphone alors qu’il est au champ. « Tu vois que tes températures sont belles et tu continues de travailler, ça facilite la tâche », alors qu’avant il aurait dû se rendre dans le poulailler.
Donc, pour le moment, les avantages de ces avancées semblent demeurer plus grands que les conséquences néfastes que certains redoutent. Pour le moment.