À la suite du dépôt d’un préavis de 72 heures par le syndicat de la compagnie du CPKC, l’angoisse est montée d’un cran. Plusieurs organisations dans le secteur de l’alimentation, tels que le Conseil des viandes du Canada et le Conseil canadien du porc, ont demandé au gouvernement fédéral d’appliquer la section 107 du Code canadien du travail afin d’éviter de graves conséquences.
Au Canada, une grande partie des biens, tels que l’engrais, le carburant, les grains, le bétail ainsi que les fruits et légumes, utilisent le transport ferroviaire comme moyen de déplacement. « C’est un système efficace de transport en ce qui concerne le volume, et c’est plus écoresponsable que le transport par camion », explique Benoit Legault, directeur général des Producteurs de grains du Québec.
Des tablettes vides
Cet arrêt indéterminé des services pourrait causer des problèmes à plusieurs niveaux dans le secteur de l’agriculture. Non seulement l’arrêt du transport affecte la livraison des produits de l’usine à l’étalage, mais l’alimentation des animaux aussi. Selon René Roy, président du Conseil canadien du porc, « les perturbations en cours menacent les moyens de subsistance de nos producteurs, le bien-être de nos animaux et la réputation du Canada comme partenaire commercial fiable ».
L’incertitude quant à un retour éventuel du transport ferroviaire survient à un moment crucial chez les agriculteurs: celui de la récolte. « Les agriculteurs sont constamment à la merci de facteurs extérieurs, et une grève de cette nature entraînera une augmentation des coûts, du gaspillage alimentaire et des pénuries d’approvisionnement », affirme Renée-Claude Goulet, présidente du CA de l’Union des cultivateurs franco-ontariens.
On ouvre l’oeil
Pour l’instant, l’interruption du transport ferroviaire n’a pas trop d’impact négatif sur le déplacement des grains au Québec, estime Benoît Legault. « Présentement, c’est l’écoulement des restants de récoltes et au Québec, nous n’utilisons pas beaucoup les wagons pour le déplacement des grains. » Leurs produits sont majoritairement transportés par camion pour la transformation locale, ou vers les ports et les terminaux.
Cependant, M. Legault croit que les conséquences de ce lock-out à long terme deviendront problématiques. « Si la grève s’étire jusqu’à la récolte du soya, qui commence rarement avant la troisième semaine de septembre, certaines choses pourraient se compliquer, dont le déplacement du soya à identité préservée », dit-il.
Renée-Claude Goulet se croise les doigts: « Nous espérons fortement que les parties parviendront rapidement à une solution pour que l’épine dorsale de l’économie canadienne—ses agriculteurs—puisse continuer à faire son travail sans les obstacles occasionnés par cette grève. »
IJL – Réseau.Presse – Agricom