La famille Bélanger est connue pour la diversité de ses entreprises familiales. « Mon père avait un hôtel, des commerces, on a aussi été manufacturiers des fameuses roulottes en fibre de verre de marque Boler pour l’Est du Canada », explique Pierre Bélanger.
Du bison au crinoïde
Au fil des ans, la ferme s’est étendue sur 650 acres et on y trouve à la période forte de l’année, près de 400 bisons. « On était naïf en se lançant dans l’aventure », dit-il. « On se disait que les bisons sont autonomes dans la nature, on n’aurait qu’à les laisser libres dans le pâturage avec de l’eau… Mais c’est plus compliqué que ça. »
En fait, la vente d’une centaine de bêtes et la viande ne suffisent pas à couvrir les frais d’opération; il fallait se diversifier. L’éleveur avait déjà remarqué la présence de petits fossiles dans les pierres d’une carrière sur son terrain, tout près de sa maison, creusée dans les années ‘50 pour aider à la construction de l’aéroport local. Il a donc appelé le Fossilarium de Notre-Dame-du-Nord au Québec, à un jet de pierre des lignes ontariennes.
« Ils sont venus visiter la carrière, qui montre différentes couches de sol remontant selon eux à 420 millions d’années. Et ils se sont mis à faire des découvertes à gauche et à droite, ils étaient comme des enfants dans un magasin de bonbons », dit-il en riant.
Le fleuron de cette petite expédition est un fossile de crinoïde, un animal marin fixe qui ressemble à une plante. « Durant cette période, on trouvait moins de gros animaux marins et c’est aussi une époque qui précède les dinosaures d’environ 200 millions d’années », précise Andrée Nault, paléontologue et conseillère scientifique pour le Fossilarium.
Diversifier pour prospérer
Pierre Bélanger veut ajouter un volet paléontologique aux visites déjà existantes de sa ferme. L’agrotourisme est la planche de salut de plus d’une entreprise agricole selon lui, et boucler les fins de mois tout en ayant une mission éducative n’est pas pour lui déplaire.
«Il reste à voir comment articuler un partenariat avec le Fossilarium. J’aimerais trouver une manière de partager avec nos visiteurs les connaissances des paléontologues concernant notre site, mais la formule exacte n’est pas encore établie. »
Et pour cause: on ne peut pas simplement cueillir n’importe quel fossile sur un tel site, prévient Mme Nault: « Le fait que ce soit une carrière assez profonde nous donne accès à des couches de sédiments riches en coquillages et en plantes fossilisées. Un visiteur pourrait endommager ou emporter une pièce historiquement significative. »
Par exemple, certains types de fossiles pourraient prouver que le Nord de l’Ontario et le Témiscamingue était autrefois sous un bras de mer s’étendant de la Baie James jusqu’à Montréal, peut-être même Québec.
Mme Nault croit qu’une entente avec M. Bélanger pourrait permettre d’organiser un service de base de visite guidée du site jumelé à l’observation des bisons à l’été 2025. Ainsi, si les bisons nous ramènent visuellement aux paysages de l’Amérique des années 1800, la carrière de la ferme Bisons du Nord propulse carrément le visiteur des centaines de millions d’années plus tôt, alors que ses pieds reposent sur ce qui était alors le fond d’une mer tropicale…
IJL – Réseau.Presse – Agricom