le Dimanche 26 janvier 2025
le Mercredi 18 Décembre 2024 9:18 Vie rurale

Noël, pas si Feliz que ça…

Malgré les décorations, les travailleurs saisonniers n'ont pas le coeur à la fête.
Malgré les décorations, les travailleurs saisonniers n'ont pas le coeur à la fête.
Alors que les familles canadiennes s’apprêtent à passer le temps des Fêtes réunies sous un même toit, la réalité est toute autre pour des centaines de travailleurs saisonniers qui, pour diverses raisons, devront passer Noël et le jour de l’An loin des leurs.
Noël, pas si Feliz que ça…
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Henri Chelhot constate que les travailleurs saisonniers n’ont pas souvent la chance de retrouver leurs familles durant les Fêtes.

L’organisme FlightHub s’est penché sur la réalité des immigrants au Canada durant cette période. Son enquête, réalisée en novembre 2024 auprès de 2 005 répondants (incluant des Canadiens, des immigrants de longue date et des immigrants récents), révèle que ceux arrivés au pays au cours de la dernière décennie font face à des contraintes financières, un manque de temps libre ou de la pression professionnelle rendant les retrouvailles familiales compliquées ou impossibles et limitant leur capacité à profiter pleinement des festivités.

Distance et déconnexion

Le temps des fêtes peut amplifier le sentiment de manque à l’égard des proches, en particulier lorsque la famille est éloignée. Selon l’enquête, seulement 54% des immigrants arrivés au cours des dix dernières années prévoient rendre visite à leurs proches et une proportion écrasante de 91% estiment qu’ils n’auront pas assez de temps à leur consacrer cette saison.

De plus, alors que près de la moitié (45%) des Canadiens affirment que le temps des fêtes leur rappelle les personnes chères avec qui ils ne pourront pas être, ce sentiment est partagé par plus de sept immigrants récents sur dix et par 57% des immigrants de longue date.

« Cette enquête met en lumière les défis uniques auxquels font face les immigrants durant la saison festive, que ce soit répondre aux engagements professionnels ou trouver du temps et des ressources afin de pouvoir passer des moments de qualité en famille », déclare Henri Chelhot, PDG de FlightHub.

La pression professionnelle aggrave les difficultés

Il existe de nombreux obstacles qui entravent le temps passé en famille, en particulier lorsqu’ils vivent loin. Les immigrants récents ont évoqué diverses difficultés, telles que le manque de jours de congé (40%), le coût élevé des voyages (36%) ou encore les obligations financières (32%). Ces sources de stress durant les fêtes sont bien plus fréquemment mentionnées par les immigrants récents que par les Canadiens nés au pays. 

Cependant, ce qui est bien plus préoccupant est la pression professionnelle que rapportent les immigrants récents de manière significativement plus élevée. Près de la moitié (48%) des répondants arrivés au Canada au cours de la dernière décennie indiquent avoir de la difficulté à prendre des congés, contre seulement 21% chez les personnes nées au Canada et celles établies au pays depuis plus de 10 ans. 

Par ailleurs, 13% des immigrants récents indiquent également avoir subi une importante pression à travailler pendant les fêtes de la part de leur employeur, contre seulement 7% des personnes nées au pays et 9 % de celles ayant immigré au Canada il y a plus de 10 ans.

Et votre voisin?

En Ontario, les entreprises agricoles qui emploient des travailleurs immigrants sont surveillées de près par divers organismes de défense des droits des immigrants. Celui ou celle qui enfreint la loi pourrait encourir des conséquences légales, mais aussi être barré comme fournisseur auprès des coopératives.

« La nouvelle loi en vigueur depuis janvier 2024 nous rend responsables de nous assurer qu’aucun de nos fournisseurs n’a recours ou ne promeut l’esclavage ou le travail des enfants », indique le directeur général de la coopérative régionale de Nipissing-Sudbury, Denis Castonguay. « Ça semble évident à première vue, mais ça nous oblige à vérifier les pratiques d’entreprises étrangères. On doit aussi s’interroger sur les fermiers locaux: comment sont traités les travailleurs saisonniers, ou à quel âge est-ce que leurs propres enfants peuvent travailler à la ferme. » 

La Coopérative doit non seulement se renseigner, mais aussi établir une politique déterminant sa conduite envers les fournisseurs qui ne respectent pas la Loi. 

« Le temps des fêtes devrait permettre à chacun de nouer des liens et de se détendre. En reconnaissant ces obstacles, nous pouvons prendre des mesures de sorte que cette période offre à tous la possibilité de créer de nouvelles traditions tout en restant connectés à leurs racines », conclut Monsieur Chelhot.

IJL – Réseau.Presse – Agricom