207 vaches et 3 veaux perdus, les étables parties en fumée, des dégâts matériels dépassants les deux millions de dollars, presque tout le foin et l’ensilage récoltés brûlé ou gaspillé, tel est le bilan rapide d’un incendie majeur le 31 août dernier à la Ferme Racine de Casselman, dans l’Est ontarien.
Heureusement, personne n’a été blessé. Et deux jours après l’événement qui a rasé et le troupeau et les bâtiments d’élevage des trois propriétaires de l’entreprise, le moral n’était pas si abattu qu’on pourrait le penser.
« Après le choc initial, on a décidé de tout reconstruire », a confié à Agricom, Francine Racine-Cayouette, l’une des copropriétaires de l’entreprise affectée. Il y a de la relève très intéressée qui pousse derrière et Francine dit ne pas se voir vraiment faire autre chose que l’exploitation d’une ferme laitière.
Alors, à l’instar d’un certain nombre d’autres collègues franco-ontariens qui ont vu leurs installations laitières brûler ces dernières années, c’est le début d’un long processus de recherche, de visites et d’appel d’offre.
Le terrain où était situé les granges a déjà été nettoyé par les bulldozers ; le fer séparé pour recyclage ; les carcasses des quelque 200 vaches infortunées ont été envoyées chez Laflèche Environnemental pour compostage.
Pertes totales des bâtiments et du troupeau Racine
« Les vaches beuglaient tellement fort qu’on croyait qu’elles étaient déjà sorties dehors », se remémore Francine, quelques minutes après que l’alerte eut été déclenchée par un passant qui avait vu des flammes très hautes depuis l’autoroute 417, en pleine nuit noire, vers les quatre heures du matin.
Le feu s’est tellement propagé rapidement qu’il a été impossible de sortir une seule vache, raconte avec émotion Francine : « Quand Louis [Racine] a ouvert les portes de la grande étable, les vaches gisaient déjà inertes au sol et des vagues de flammes léchaient le plafond’ il n’y avait rien déjà plus à faire pour elles. »
Louis Racine, l’un des trois copropriétaires ? qui est aussi un folkloriste bien connu ? avec l’énergie de l’adrénaline qui court dans les artères dans de telles situations extrêmes, a tout de même réussi à sauver l’ordinateur d’enregistrement des données DairyComp dans le bureau de l’étable.
« Il l’a littéralement arraché du bureau, les fils traînaient derrière lui », raconte Francine. « C’est ainsi qu’on peut affirmer avec certitude que nous avions 207 vaches dans notre troupeau ».
Par contre, 20 des 23 veaux, qui étaient dans une autre section mieux protégée du feu, ont pu être sauvés, à temps. Certains, parmi les plus petits, ont été littéralement « ramassés » par les gens accourus sur les lieux.
Les trois veaux perdus n’ont jamais voulu sortir de la pouponnière, vu la nuit noire et les conditions extrêmement affolantes qui régnaient autour d’eux, précise Francine.
Un travail exemplaire des pompiers
Le travail des pompiers, qui sont venus de cinq postes différents, a été tout à fait exemplaire : « Les pompiers méritent toute notre admiration ? ils ont travaillé sans relâche toute la nuit », souligne Francine. Heureusement, aucune des résidences situées à proximité n’ont été touchées, ni aucune machinerie agricoles n’a été perdues, sauf un « skid-steer », qui servait à l’enlèvement du fumier dans un des bâtiments incendiés. « Il y avait très peu de vent, ce qui a aidé à contenir le brasier aux seules granges ».
La route a été fermée temporairement pour faciliter leur travail. Vu qu’on est en campagne, une piscine d’entreposage d’eau a été érigée à l’entrée de la ferme, et un relais de citerne a opéré aussi longtemps que nécessaire jusqu’à la borne-fontaine la plus proche, située en face du concessionnaire d’automobile Dupuis Ford, dans le village de Casselman.
Comme un feu de foin est difficile à éteindre, les pompiers l’ont arrosé toute la journée de dimanche, tandis que des pelles mécaniques et des bulldozers essayaient de le démêler et de l’ouvrir pour mieux tenter de l’éteindre.
Les derniers pompiers sont partis vers les 18h00, lundi Fête du travail, précise Mme Cayouette, qui est aussi la caricaturiste attitrée au Journal Agricom depuis plus de quatre ans.
Les propriétaires ont accueilli avec soulagement le rapport de l’inspecteur des incendies : le feu n’est pas d’origine criminelle comme certains auraient pu supposer, mais bien un problème électrique qui avait son origine probable dans la chambre de la mélangeuse RTM.
De la boîte de contrôle, les flammes se seraient rapidement propagées au plafond, puis au grenier, plein de foin sec récolté pour l’alimentation des vaches.